Pas rentable d’encaisser son assurance vie de son vivant
TVA Nouvelles
Vous êtes probablement nombreux à vous poser la même question que le lecteur Michel au sujet de l’assurance vie.
Sa conjointe détient une police permanente de 110 000 $ dont il est bénéficiaire. Si jamais Michel touche un jour le capital-décès (les probabilités qu’il trépasse avant son épouse sont plus élevées), ce sera sans doute à un âge avancé. Il y a tout lieu de croire que ce sont leurs enfants qui profiteront de ce pécule, finalement.
Comme la mort frappera inéluctablement sa femme, notre lecteur s’interroge : « Pourquoi la compagnie d’assurance ne nous donnerait-elle pas immédiatement 60 000 $ ? Avec cet argent-là, nous pourrions partir en croisière quelques mois. » Et l’assureur épargnerait 50 000 $.
L’industrie de l’assurance repose sur ce savoir-faire : déterminer le montant optimal des primes facturées aux clients. En plus de servir à honorer les polices quand les assurés décèdent, elles doivent couvrir les coûts d’administration et générer des profits. Je passe les détails au sujet des taxes sur les primes et des impôts sur les revenus de placement, l’argent récolté auprès des assurés étant investi de façon prudente.
Si les primes ne sont pas assez élevées, la compagnie ne pourra pas dégager de profits. Si elles sont exagérées, les clients se tourneront vers un autre assureur. Si l’assurance fonctionne, c’est qu’elle repose sur un grand nombre de clients. Ceux qui vivent plus vieux financent ceux (leur succession) qui meurent plus tôt. Ils payent généralement plus de primes et leurs contributions fructifient plus longtemps, sans pour autant avoir droit à un capital-décès plus généreux. Ici encore, il y en a qui en ont plus pour leur argent, et on le sait juste à la fin.
Détail important dans l’histoire : une partie des contrats tombent en déchéance, car des clients abandonnent en cours de route, perdant par conséquent tout ce qu’ils ont versé dans la police pendant des années.
Tous ces facteurs entrent dans le calcul servant à établir les primes de tous les assurés.
Pour une compagnie d’assurance, payer Michel 60 000 $ maintenant au lieu de 110 000 $ dans un avenir inconnu, ça peut sembler un bon coup. Mais non. Cette possibilité devrait être offerte à tous les clients, et non seulement à notre lecteur. Il faudrait alors revoir à la hausse la tarification des polices, car les assureurs auraient moins de temps pour faire fructifier le capital des assurés et perdraient la marge générée par la déchéance de nombreux contrats. En fin de compte, ce ne serait plus de l’assurance.
Si Michel et sa conjointe caressent aujourd’hui l’idée d’utiliser leur police pour se payer une croisière, c’est qu’ils ont été mal conseillés au départ.