Pas de candidats antiavortement aux prochaines élections!
TVA Nouvelles
Pas de candidats antiavortement aux prochaines élections!
Je n'en croyais pas mes oreilles. Saviez-vous que le Parti conservateur du Québec présente un médecin antiavortement aux prochaines élections? Rien à craindre, selon Éric Duhaime: son candidat, le Dr Roy Eappen, ne croit pas qu'il faille légiférer, et les gens «ont le droit d’avoir les convictions religieuses qu’ils veulent» dans leur vie privée. Le problème, c'est que le Dr Eappen ne compte pas garder ça pour lui, il veut «parler aux gens» pour «changer leur opinion». Êtes-vous rassurées? Moi non plus!
La vie privée, c'est une chose. Quand les politiciens conservateurs se mêlent de la vie des femmes, nos droits reculent.
Aux États-Unis, la Chambre des représentants de Floride vient de voter pour empêcher les femmes d'interrompre leur grossesse après quinze semaines, sans exception pour les viols ou l'inceste. Au Texas, l'avortement est déjà proscrit dès six semaines, avant même que bien des femmes réalisent qu'elles sont enceintes. L'interdiction texane a fait chuter le nombre d'avortements... sur papier. Dans les faits, les femmes voyagent sur leur bras pour se faire avorter ailleurs ou procèdent elles-mêmes à l'aide de pilules commandées sur internet, sans suivi médical. Elles n'ont plus le choix.
Derrière ces lois répressives se cachent des groupes religieux bien financés et très mobilisés. Non seulement ils existent aussi chez nous, mais ils sont plus présents qu'avant, et ce, partout sur le territoire du Québec. Le nombre de groupes anti-choix est en forte progression depuis une dizaine d'années, tout comme la désinformation qu'ils pratiquent. Les femmes enceintes qui leur demandent de l'aide sont dirigées vers des cliniques qui ne font pas d'avortement. Elles se font dire qu'une interruption de grossesse cause un cancer ou des hémorragies. Ces groupes se présentent comme des «centres de grossesse» soi-disant neutres ou carrément pro-choix, mais rien n'est moins vrai.
Grâce à une enquête d'Urbania, on a appris que deux députés de la CAQ sont tombés dans le panneau et ont fait des dons à des centres antiavortement de leur région. Ils ont plaidé qu'ils ne le savaient pas et je n'ai pas de misère à les croire. N'empêche que cet épisode doit marquer la fin de la naïveté et le début d'une nouvelle mobilisation.
J'appelle tous les candidats aux prochaines élections à soutenir le droit des femmes de disposer de leur corps, en commençant par des engagements concrets: ne pas verser un seul sou aux groupes qui veulent nous faire revenir en arrière, rejoindre les mobilisations prochoix et condamner haut et fort toute intimidation à l'endroit des femmes qui visitent une clinique, comme la vigile de la Campagne Québec-Vie, à Sherbrooke. Ce n'est pas assez de se positionner pour le droit à l'avortement, les partis doivent s'engager à rendre le service plus accessible, notamment pour les femmes qui habitent en région éloignée.
Même dans les meilleures circonstances, interrompre une grossesse est l'un des choix les plus difficiles qu'on fait dans une vie. Mettons-nous dans les souliers des femmes qui, dans un moment de grande vulnérabilité, subissent la pression de leur entourage. Ça pourrait être moi. Ça pourrait être vous. Pour ces femmes, le droit à l'avortement n'est pas une question d'opinion, c'est une véritable bataille. Est-ce qu'on va rester dans les gradins ou se battre pour elles?