Pérou : le Parlement entretient le suspense, la mobilisation continue
Radio-Canada
Le Parlement péruvien a une nouvelle fois repoussé mardi sa décision sur l'organisation d'élections anticipées alors qu'une nouvelle manifestation contre la présidente Dina Boluarte était organisée à Lima.
La séance plénière est suspendue et reprendra le 1er février à 11 h, a annoncé le compte Twitter du Parlement. Les parlementaires avaient déjà reporté la séance initialement prévue de 11 h à 16 h.
Dina Boluarte et le parti de droite Fuerza Popular (Force populaire) préconisent de devancer le scrutin prévu en avril 2024 à octobre 2023, espérant que cela calmera la contestation qui a fait 48 morts depuis le 7 décembre.
Le Parlement, qui a déjà repoussé une proposition d'élections anticipées samedi, tergiverse depuis vendredi. Lundi, plus de sept heures de discussions n'ont pas suffi. Mardi, les députés ont préféré repousser une nouvelle fois la décision.
« La crise au Pérou est due au modèle néolibéral qui a échoué [...]. Ce qui doit aller de pair avec ces élections anticipées, c'est la consultation populaire pour une Assemblée constituante. »
Mme Boluarte avait mis la pression dimanche soir sur le Parlement, lançant ceci lors d'une allocution à la nation : Mesdames et messieurs du Parlement, vous devez comprendre votre responsabilité historique. Demain [lundi], vous avez l'occasion de gagner la confiance du pays en répondant à cette demande tant attendue du peuple péruvien. Votez pour le Pérou en devançant les élections à 2023 et disons à tout le Pérou avec la plus grande responsabilité que nous partons tous.
Les manifestants réclament non seulement la démission de Dina Boluarte mais également la dissolution du Parlement – largement discrédité dans l'opinion publique –, des élections générales et une Assemblée constituante.
Les troubles ont éclaté après la destitution et l'arrestation, le 7 décembre, du président de gauche Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'État en voulant dissoudre le Parlement, qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir. La vice-présidente Dina Boluarte, que les protestataires considèrent comme une traitresse, l'a alors remplacé.
Gerónimo Lopez, de la Confédération générale des travailleurs péruviens (CGTP), avait accusé lundi les députés de s'accrocher à leurs fonctions en appelant à une nouvelle grande manifestation dans la capitale pour ce mardi après-midi.