Pénurie des enseignants: il va falloir être patient
TVA Nouvelles
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé vendredi que le nombre d’enseignants manquants cette année était de 33% inférieur à celui de l’année dernière. Il faut cependant prendre ce chiffre avec plusieurs réserves puisque l’ancien animateur de radio compare des pommes avec des oranges.
En effet, la date des affections des postes qui n’avaient pas été comblés avant juin a été devancée cette année, ce qui fausse toute comparaison possible. Ce n’est que dans deux ou trois semaines qu’on saura véritablement ce qu’il en est. On verra alors si la situation est « plus rassurante » cette année comme le croit le ministre.
Il demeure néanmoins que l’idée de devancer les affectations des enseignants est une mesure positive. Ceux qui seront nouvellement affectés pourront mieux se préparer à la rentrée et les centres de services scolaires ainsi que les directions d’école auront plus de temps pour trouver le personnel manquant.
Ce qui apparait évident, par contre, c’est que M. Drainville manque cruellement d’informations de la part des centres de services scolaires pour effectuer une gestion efficace du personnel enseignant. Ainsi, on ignore bien des éléments en ce qui a trait à la rétention de celui-ci.
Combien de nouveaux enseignants et combien d’individus non légalement qualifiés quittent-ils rapidement la profession? Combien d’enseignants d’expérience prennent-ils une retraite anticipée? Pourquoi tous ces gens quittent-ils cette profession? Également, dans quelle matière manque-t-on le plus de profs? Nos universités forment-elles inutilement, par exemple, des enseignants en sciences ou en français au secondaire? Le ministre ne le sait pas. C’est inexcusable.
M. Drainville a évité de répéter sa gaffe de l’an dernier à l’effet qu’il y aurait «un adulte par classe». Il n’en demeure pas moins que la personne qui enseignera à votre enfant ne sera peut-être pas qualifiée ou disposera d’une formation raccourcie. Cela représente une pression supplémentaire sur les directions d’école et les enseignants qui les accompagneront au cours de l’année. Dans certaines écoles, ils représentent plus de 25% du personnel enseignant.
Il faut souligner les efforts du gouvernement de la CAQ pour redresser cette situation en éducation. Par le biais de la nouvelle convention collective conclue avec les enseignants, diverses mesures favoriseront une plus grande attraction envers cette profession : un salaire d’entrée plus intéressant, une progression salariale un peu plus rapide, une prime de rétention pour les enseignants retraités.
Par contre, la principale raison qui explique la désaffection des enseignants n’est pas vraiment réglée, soit la composition des groupes. Avec notre système scolaire à trois vitesses, trop d’enseignants doivent œuvrer avec des classes difficilement gérables et pour lesquelles l’école manque de services d’appui. De plus, même si M. Drainville présente l’aide à la classe au primaire comme une solution importante, celle-ci ne sera pas offerte dans tous les groupes. Et elle ne le sera pas pendant toute la journée. On parle donc d’une aide ponctuelle. Au secondaire, aussi bien le dire, les enseignants ont l’impression d’être laissés à eux-mêmes.
Mais heureusement, on n’est plus à l’époque du ministre Roberge qui niait l’existence même de la pénurie des enseignants. M. Drainville est plus actif et c’est une bonne chose. Il faut cependant comprendre que ses efforts ne suffiront pas et que de nouvelles mesures s’avéreront nécessaires. La patience sera de mise.