
Pénurie de main-d’oeuvre : il manquerait 18 000 travailleurs immigrants en région
Radio-Canada
La pénurie de main-d'oeuvre en région risque de s'aggraver au cours des prochaines années en raison d'un manque de travailleurs étrangers, selon une étude de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). Il manque près de 18 000 immigrants pour répondre annuellement aux besoins des petites et moyennes entreprises (PME).
Aucune région ne serait épargnée par cette pénurie, mais elle toucherait davantage la Montérégie (déficit de 4845 travailleurs), les Laurentides (2840) et Lanaudière (2186). L'Estrie représente la région la moins touchée, avec un déficit prévisible de 261 travailleurs. Si rien ne change, il devrait manquer près de 90 000 travailleurs immigrants en 5 ans dans les régions.
La FCEI est parvenue à ces chiffres en se basant sur les estimations d'Emploi Québec, qui évalue qu'un emploi vacant sur cinq doit être pourvu par un immigrant. On a ensuite regardé combien d'immigrants se rendent dans les régions administratives, explique le vice-président Québec pour la FCEI, François Vincent. Or, de 2015 à 2019, environ 75 % des nouveaux arrivants avaient décidé de demeurer dans la région de Montréal.
Cela amplifie encore plus la pénurie de main-d'oeuvre. Quand un poste sur cinq doit être pallié par l'immigration, et qu'il y a un déficit assez important dans la majorité des régions, cela veut dire que relever le défi de la pénurie de main-d'oeuvre est encore plus grand, soutient François Vincent.
Il rappelle également que les conséquences du manque d'employés sont lourdes pour les PME. Surplus de travail pour les employés, projets reportés, ventes refusées, pertes de contrats, le dynamisme économique de la région [est touché].
« On a évalué qu'il y eu des pertes économiques de 11 milliards de dollars pour l'année 2022. »
Le directeur général d'Actions interculturelles, Mohamed Soulami, avoue qu'il n'est pas surpris par les résultats de cette étude. Il croit même que les besoins de travailleurs immigrants sont plus élevés. C'est même devenu vital pour plusieurs employeurs dans tous les domaines, affirme-t-il. Auparavant, c'était le plastique, le caoutchouc, les soudeurs, les technologies de l'information, certains domaines spécifiques. Et on avait un taux de chômage qui avoisinait les 7, 8 %. Là, tout est renversé!
François Vincent affirme que ces données démontrent la nécessité de trouver des stratégies pour augmenter l'immigration régionale. On a clairement un besoin de l'augmenter de 18 000 par année. On a les chiffres pour les régions. Cela serait stratégique pour le gouvernement de se donner des objectifs chiffrés, soutient-il.
Il mentionne par ailleurs que la régionalisation de l'immigration est devenue une priorité auprès des dirigeants d'entreprise. C'est 80 % qui en font une priorité, martèle-t-il.