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Pénurie de main-d’œuvre: des besoins criants dans le milieu agricole
TVA Nouvelles
La pénurie de main-d’œuvre en agriculture est tellement importante que la ferme Norvie de Saint-Étienne-des-Grès, en Mauricie, a décidé il y a quelques années de n’embaucher que des travailleurs étrangers.
La propriétaire, Sylvie St-Yves, n’avait pas d’autre choix. «Au début j’ai commencé tranquillement. J’en faisais venir trois ou quatre et je m’appuyais avec des travailleurs québécois.» Elle a rapidement déchanté quand les travailleurs locaux ne lui donnaient même pas le bon numéro de téléphone pour les joindre. «L’asperge n’attendra pas, elle, que le petit monsieur se présente. Donc tu n’as pas le choix. Si tu ne fais pas ça, tu perds ta production.»
Pourtant, si la main-d’œuvre était disponible, embaucher localement serait beaucoup plus facile. «C’est triste parce qu’on nourrit le monde. S’il n’y a plus d’agriculture, ça va coûter bien plus cher manger encore.»
À l’UPA Mauricie on indique que depuis trois ans, le recours à la main-d’œuvre étrangère a augmenté de 40 %. «Je me rappelle, il y a une dizaine d’années, ça se comptait en quelques dizaines uniquement. Aujourd’hui je pense qu’on a franchi la barre des 400 travailleurs étrangers temporaires», a soutenu Jean-Sébastien Dubé, responsable des communications.
Il y a cependant quelques exceptions. Non seulement le Domaine du boisé de Louiseville ne veut pas embaucher de travailleurs étrangers, mais il réussit à attirer des travailleurs montréalais. «C’est la mode, c’est assez tendance de sortir de la ville !» a ricané le copropriétaire, Mathieu Aubin. «Ils disent que contre les dépressions c’est bon aussi de se mettre les mains à la terre !»
Même certains vacanciers qui séjournent à la ferme mettent l’épaule à la roue et pour s’assurer leur fidélité jusqu’à la fin de la saison, M. Aubin donne droit à des vacances à ses employés. «L’été, une fois que tout est bien parti, mi-juillet, je donne une semaine de congé à tous mes employés.»
Au Québec, en 2017 il manquait 2700 travailleurs en agriculture. On prévoit qu’il en manquera 20 000 en 2029. L’UPA tente elle aussi d’attirer de nouveaux travailleurs notamment avec des autobus qui partent de Trois-Rivières vers les fermes. «C’est de la demande ponctuelle. Un employé pourrait décider de travailler une journée par semaine ou toute la semaine. Il choisit son horaire et il y a un jumelage qui est fait entre l’employeur et l’employé», a expliqué Jean-Sébastien Dubé.
Après toutes ces années à tenter de combler la pénurie de main-d’œuvre, à perdre des légumes aux champs, certains producteurs sont gagnés par le découragement. Mme St-Yves les comprend très bien. «Ne pas avoir de relève, ça fait longtemps que j’aurais fermé parce que c’est trop dur sur le moral.»