Oxfam réclame une aide immédiate pour la « crise oubliée » en Syrie
Radio-Canada
Le conflit en Syrie, devenu une « guerre oubliée », continue de tuer et de faire vivre l'enfer à la population de ce pays du Moyen-Orient. En fait, la situation économique et humanitaire n'y a jamais été aussi grave qu'aujourd'hui, dénonce l'organisation Oxfam, qui lance un appel à « ne pas oublier la Syrie » et à financer l'aide apportée à la population.
Nous sommes maintenant dans la 12e, bientôt la 13e année de la crise, qui est de plus en plus une crise oubliée, indique au bout du fil Moutaz Adham, directeur de l'organisation humanitaire Oxfam en Syrie.
Vous pourriez croire qu'aujourd'hui, les lignes de front du conflit sont largement ce qu'elles ont été depuis un certain temps déjà. Il y a davantage de stabilité dans certaines régions; vous pourriez croire qu'en gros, les conditions pourraient être meilleures. Mais en fait, ce n'est pas le cas : elles sont vraiment, vraiment, vraiment pires. Probablement les pires depuis l'éclatement de la crise.
Selon M. Adham, sur les 22 millions d'habitants que compte présentement la Syrie, 15 millions ont besoin d'aide humanitaire. C'est plus qu'en 2015, lorsque la campagne militaire a atteint son apogée, dit-il.
Lorsque je vais sur le terrain, je parle aux gens dans les communautés auxquelles nous venons en aide; on nous dit qu'on craignait auparavant de mourir sous les bombes. Maintenant, on a peur de mourir de faim, ajoute M. Adham.
Sur le terrain, justement, Oxfam apporte de l'aide pour faciliter l'irrigation des champs ainsi que la distribution d'eau et de nourriture en plus d'offrir un soutien aux familles dans le besoin, principalement les foyers dirigés par des femmes.
L'organisation mène également des démarches auprès du gouvernement syrien ainsi que d'autres nations pour obtenir un accès plus facile aux populations touchées et pour assurer le financement de ces efforts humanitaires.
Malgré un certain succès obtenu au cours des dernières années, y compris un relâchement des conditions imposées par le pouvoir de Bachar Al-Assad à Damas, la capitale, la situation demeure très difficile.
« La majorité des gens ont des problèmes pour mettre de la nourriture dans leur assiette. 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté; 60 % est au chômage. Et ceux qui peuvent trouver du travail ont souvent un salaire qui ne permet pas de répondre aux besoins de base en matière d'alimentation. »