Ottawa veut protéger les secrets d’un espion saoudien dans une poursuite civile
Radio-Canada
Le gouvernement canadien cherche à obtenir une injonction du tribunal pour empêcher un ancien espion saoudien de révéler des renseignements jugés sensibles pour la sécurité nationale dans une poursuite civile intentée contre lui.
Dans la requête déposée en Cour fédérale, les avocats du gouvernement demandent qu'un ordre soit donné en fonction de la Loi sur la preuve au Canada pour empêcher la divulgation de certains documents ainsi qu'une injonction interdisant à Saad Aljabri ou à ses représentants de transmettre certaines informations à la justice ontarienne.
Il s'agit du plus récent rebondissement dans la saga judiciaire impliquant M. Aljabri, qui allègue être visé par un groupe d'assassins envoyé au Canada par le prince héritier d'Arabie saoudite.
Un groupe d'entreprises saoudiennes s'est adressé à la Cour supérieure de l'Ontario parce qu'elles affirment avoir été flouées pour des milliards de dollars par M. Aljabri, qui réside maintenant à Toronto. Ces entreprises auraient été prétendument créées par le gouvernement saoudien pour servir de couverture à des opérations de contre-terrorisme.
M. Aljabri nie toute responsabilité et clame que ces entreprises sont contrôlées par le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui a pris le pouvoir en 2017.
Après avoir travaillé pendant des années au sein du service de renseignement d'Arabie saoudite, Saad Aljabri plaide que la poursuite contre lui devant le tribunal ontarien fait partie d'une opération visant à l'intimider et à lui nuire parce qu'il était un important allié de l'ancien prince héritier Mohammed ben Nayef Al Saoud.
Il y a deux ans, M. Aljabri avait déposé une poursuite devant un tribunal américain dans laquelle il déclarait que le prince ben Salmane avait lancé des assassins à ses trousses au Canada peu après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
Ce dernier avait été tué à l'intérieur de l'ambassade saoudienne en Turquie, en octobre 2018. Toujours selon M. Aljabri, le complot contre lui aurait été déjoué par les autorités canadiennes.
Parallèlement à leur poursuite en Ontario, les entreprises saoudiennes ont entrepris des recours judiciaires contre M. Aljabri devant un tribunal américain. Le gouvernement des États-Unis a toutefois exercé un privilège de secret d'État, ce qui a entraîné l'abandon des poursuites l'année dernière.