Ottawa sommé de renforcer la loi sur le traitement des données personnelles
Radio-Canada
Le commissaire fédéral à la protection de la vie privée met en garde les Canadiens contre la menace croissante du capitalisme de surveillance, c'est-à-dire l'utilisation de renseignements personnels par les grandes entreprises.
Dans son rapport annuel déposé jeudi, Daniel Therrien affirme que la surveillance de l'État a été quelque peu freinée ces dernières années.
Pendant ce temps, estime-t-il, les données personnelles sont devenues un atout de grande valeur et personne ne les a mieux exploitées que les géants de la technologie derrière la recherche en ligne et les comptes de réseaux sociaux.
M. Therrien affirme que les risques du capitalisme de surveillance étaient bien visibles dans le scandale Cambridge Analytica, qui fait maintenant l'objet de poursuites devant la Cour fédérale parce que son bureau n'avait pas le pouvoir d'ordonner à Facebook de se conformer à ses recommandations.
De plus, la loi ne permettait pas au commissaire Therrien d'imposer des amendes pour dissuader ce genre de comportement d'entreprise.
M. Therrien, dans sa dernière année en tant que commissaire à la protection de la vie privée, encourage le gouvernement fédéral à apporter plusieurs améliorations à son projet de loi prévu sur les pratiques de traitement des données du secteur privé, lorsqu'il sera déposé à nouveau dans les prochaines semaines.
L'intelligence artificielle (IA), la dernière frontière du capitalisme de surveillance, est très prometteuse pour résoudre certains des problèmes les plus urgents d'aujourd'hui, mais doit être mise en œuvre de manière à respecter la vie privée, l'égalité et d'autres droits de la personne, a prévenu M. Therrien.
Notre enquête sur le recours à la technologie de reconnaissance faciale de Clearview AI illustre bien comment le déploiement commercial de l'IA peut contrevenir à bien des égards aux lois sur la protection des renseignements personnels.
Le commissaire a découvert que Clearview AI avait violé la loi sur la confidentialité du secteur privé en créant une banque de données de milliards d'images extraites d'Internet sans consentement pour alimenter son logiciel commercial de reconnaissance faciale.