
Ottawa recule sur la « transparence volontaire » des nouveaux OGM
Radio-Canada
Le gouvernement Trudeau semble avoir changé son fusil d’épaule et demande maintenant à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) de maintenir la déclaration obligatoire des nouvelles générations d’organismes génétiquement modifiées (OGM) qui arrivent sur le marché. Le gouvernement du Québec et plusieurs acteurs du monde agricole craignaient la disparition des produits biologiques.
Le secteur bio va être rassuré, a dit la ministre responsable d’Agriculture et Agroalimentaire Canada Marie-Claude Bibeau, en entrevue à l’émission Midi Info. Elle a annoncé des directives à haut niveau pour garantir la traçabilité de ces nouvelles semences OGM.
La proposition de nouvelle réglementation canadienne sur les OGM sème la controverse depuis la semaine dernière, alors que Radio-Canada révélait que le lobby agrochimique aurait participé à son élaboration.
Des documents émanant de l’ACIA avaient semé le doute chez les groupes d’intérêt les ayant reçus, notamment l'organisme Vigilance OGM. Radio-Canada révélait lundi qu’un document fédéral résumant le projet de réforme avait dans ses métadonnées le nom d’une directrice générale d’un lobby agrochimique comme auteure (Nouvelle fenêtre).
L’enjeu de la nouvelle réglementation canadienne est d’encadrer le développement des nouvelles approches dans le développement des OGM, ainsi que leur traçabilité. Parmi les nouvelles manières de créer des organismes génétiquement modifiés, la technologie dite intragénique diffère des OGM traditionnels, car elle n'intègre aucun gène extérieur de la semence.
Le projet de réforme proposé par l’ACIA vise à exempter l’industrie des semences de son obligation de déclarer et de faire évaluer certaines plantes génétiquement modifiées. L’industrie des semences et des pesticides avait demandé de tels changements.
Cela inquiète grandement le secteur biologique, dont la certification exclut la présence d’OGM dans ses produits. La question de la traçabilité demeure prépondérante pour le secteur de l’agriculture biologique, et le projet de réforme, tel qu’il était proposé, pourrait nuire au secteur biologique – même s'il faciliterait grandement la tâche de l’industrie agrochimique et de production de semences.
Les acteurs du milieu se demandent aussi pourquoi l’ACIA consulte l’industrie agrochimique en amont pour l’élaboration de sa nouvelle réglementation. Ils s’interrogent du même coup sur les raisons pour lesquelles l’industrie serait exemptée de déclarer des produits qui contiennent pourtant des OGM.
Avec des informations de Thomas Gerbet