Oscars : une gifle qui porte à réfléchir
Radio-Canada
Pour des intervenants estriens, la gifle assénée au comédien Chris Rock par l'acteur Will Smith lors des Oscars soulève d'importantes discussions sur la masculinité, la gestion de la colère et la violence.
La spécialiste en enjeux féministes Isabelle Boisclair estime que le débat engendré par les événements de dimanche soir ne repose pas sur la recherche d’un coupable entre Will Smith et Chris Rock, qui a fait une plaisanterie sur l’épouse de Will Smith avant le début de l’altercation.
« Deux petits gars dans une cour d'école, il y en a un qui insulte la blonde du chef de gang, et le chef de gang va lui en "sacrer une"... On est à ce niveau-là. »
Chris Rock a été violent verbalement, et Will Smith répond à cette violence verbale par une violence physique. Il y a là quelque chose de masculinité toxique ajoute-t-elle.
En remontant sur scène après l’incident pour recevoir l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans La méthode Williams, Will Smith s’est ensuite excusé à l’Académie des Oscars et a justifié son geste en parlant de l'amour qu'il porte à sa femme.
Par amour, tu fais de belles choses. Par amour, tu ne frappes pas sur la gueule de personne d'autre. [...] Chris Rock a dit qu'il ne le poursuivrait pas, mais c'est de la violence qui s’est passée en public hier, et personne n'a réagi, déplore Mme Boisclair.
Le geste de dimanche n’a servi ni Will Smith, ni l’image des hommes, croit François Poirier, le directeur du groupe d’entraide MomentHom.
Les hommes ont tendance à plus agir la colère que les femmes, agir la colère par un geste de violence, remarque-t-il.
Si Will Smith était allé sur la scène, pour leur dire "Écoute, là, tu es allé trop loin. Je te trouve drôle habituellement, mais je ne te permets pas de tenir ces propos-là et je te demande de t’excuser", ça aurait saisi l'auditoire, ça aurait saisi les spectateurs, et ça aurait amené le débat ailleurs que sur la violence des hommes, croit-il.