Oscars : Patrice Vermette, lauréat de l’ombre, critique l’Académie
Radio-Canada
Afin de dynamiser sa soirée des Oscars, l'Académie des arts et des sciences du cinéma avait décidé de préenregistrer juste avant la cérémonie huit prix dits « techniques ». C’est donc sans tambour ni trompette que Patrice Vermette est allé cueillir le trophée le plus prestigieux de sa carrière, dimanche soir.
En tandem avec sa collègue hongroise Zsuzsanna Sipos, le Québécois a gagné l’Oscar de la meilleure direction artistique – un des prix préenregistrés – pour son travail sur Dune, le film de science-fiction de Denis Villeneuve.
Je trouve que ça n’a aucun sens que huit catégories soient reléguées comme ça, déclare-t-il, par téléphone depuis Los Angeles, en ce lendemain de sa consécration.
Ça crée d’autres divisions, ça fait [en sorte] que certains sont plus égaux que d'autres, ajoute-t-il, en faisant allusion au célèbre aphorisme de La ferme des animaux, de George Orwell.
Cette nouvelle façon de faire de l’Académie, qui a pour effet de snober certains artisans et artisanes du cinéma lors de la cérémonie la plus importante d’Hollywood, chagrine Patrice Vermette. Il se rappelle avec nostalgie lorsque, enfant, il regardait le gala des Oscars avec sa famille. Les seuls soirs, excepté Noël et le jour de l’An, où il avait le droit de se coucher tard.
Mes parents n’étaient aucunement liés au domaine du cinéma, mais c'étaient des amoureux de films, explique-t-il. Et pour eux, c'est important de célébrer les gens, tous les gens, toutes les catégories, les artisans, les artistes, qui font un film.
Quand on écoutait des films à la maison ou au cinéma, il n’était pas question qu'on se lève avant la fin du générique, il fallait regarder tous les noms. C’est une espèce de respect que je trouve inspirant, qui fait réaliser que ça prend plusieurs personnes pour faire un film.
Toutefois, il est content d’avoir reçu son Oscar dans une salle qui n’était pas à moitié vide. J'ai été agréablement surpris de voir que tout le monde s'était présenté avant la cérémonie officielle. Des gens comme Denis étaient là pour assister à cette pré-cérémonie, qui en a fait jaser plusieurs.
L’artiste né à Montréal, pour qui il s’agissait d’une troisième nomination aux Oscars, regrette aussi que son ami et collaborateur Denis Villeneuve n’ait pas été cité dans la catégorie du meilleur réalisateur. Quand tu obtiens 10 nominations, le film ne s’est pas fait tout seul, précise-t-il avec une pointe de sarcasme.