Opioïdes : « une crise déchirante » pour la coroner en chef du Yukon
Radio-Canada
La crise des opioïdes au Yukon a déjà fait huit victimes depuis le 1er janvier 2022, c’est deux fois plus que sur toute l’année 2019. Depuis fin 2021, le territoire possède le plus haut taux de décès par opioïdes au Canada.
La coroner en chef, Heather Jones, admet que les derniers mois ont été particulièrement éprouvants.
« Faire face à des décès d'enfants, de personnes que je connais, de petits-enfants, alors que je fais aussi partie de la communauté... Avoir ce siège aux premières loges pour voir cette tragédie, ce à quoi elle ressemble, c’est absolument déchirant. »
Si elle occupe le poste de coroner en chef du Yukon depuis décembre 2016, cela fait plus de 20 ans qu’Heather Jones travaille pour le service, d’abord en tant que coroner communautaire, puis coroner en chef par intérim.
Quand elle a commencé au plus haut niveau, cela faisait quelques mois que la crise des opioïdes avait commencé à se frayer un chemin jusqu’au territoire. Au sud, la Colombie-Britannique a déclaré un état d’urgence sanitaire pour ces mêmes raisons.
Depuis avril 2016, Heather Jones a vu 64 personnes succomber aux opioïdes. Autant de décès qu'elle juge évitables.
De sept décès en 2016 et 2017, le territoire est passé à 23 décès rien qu’en 2021. Pour elle, le virage de la crise a commencé à se faire ressentir en 2020, en même temps que s’installait la pandémie.
Cette année-là dix personnes ont succombé, et selon Mme Jones, le profil des victimes a changé. Notre âge moyen a chuté à 32 ans, alors qu’il était de 44 ans entre 2016 et 2019.
L’année dernière est à ce jour la pire année, celle qui a vu une énorme augmentation de décès, explique la coroner. Et les six premières semaines de 2022 inquiètent aussi la scientifique.