Nucléaire iranien : les négociateurs européens mettent la Russie en garde
Radio-Canada
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont prévenu samedi que personne ne devrait chercher à exploiter les négociations sur l’accord du programme nucléaire iranien, après un arrêt brutal des discussions lié à de nouvelles exigences russes.
Sans citer la Russie, les trois pays européens, dits E3, ont indiqué que personne n’avait le droit d’exiger des garanties qui n'ont rien à voir avec les discussions. Cela risque de mener à l'effondrement de l'accord, privant le peuple iranien d'une levée de sanctions et la communauté internationale des assurances nécessaires concernant le programme nucléaire iranien, ont-ils déploré dans un communiqué commun.
Le 4 mars, les négociateurs européens étaient sur le point d’annoncer une entente imminente pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique, après des mois de négociations acharnées. Le lendemain, la Russie, frappée par des sanctions occidentales après l'invasion de l'Ukraine, demandait aux Américains la garantie que ces mesures de rétorsion n'affecteraient pas sa coopération économique avec l'Iran.
Des revendications jugées « hors sujet » par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, mais qui ont stoppé net les discussions.
Nous exprimons notre déception, a fait savoir le trio européen, avant de reconnaître les efforts consentis par l'Iran et les États-Unis afin d’aboutir à un accord.
L'accord sur le retour au JCPoA [acronyme anglais qui désigne communément l'accord international sur le nucléaire iranien] est toujours sur la table et doit être conclu avec la plus grande urgence, soulignent les négociateurs européens.
Signé en 2015 par l'Iran d'un côté, et les États-Unis, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne de l'autre, cet accord était censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions qui asphyxient son économie.
Il s'est délité après le retrait en 2018 de Washington, décidé par Donald Trump, qui a rétabli ses mesures contre l'Iran. En réaction, Téhéran s'est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire. Les négociations avaient repris après l'élection de Joe Biden à la Maison-Blanche.
Le ministre iranien du Pétrole, Javad Owji, a affirmé samedi que malgré les sanctions américaines, son pays continuait à exporter du pétrole en grandes quantités.