Nouvelle formation en restauration des bâtiments patrimoniaux
Radio-Canada
La préservation du patrimoine bâti préoccupe de plus en plus les citoyens et les gouvernements. À la demande de Québec, les municipalités doivent maintenant faire l'inventaire des bâtiments patrimoniaux sur leur territoire. Mais pour réaliser les travaux de restauration nécessaires, il faut des fonds et surtout de la main-d’œuvre. Or, celle-ci se fait rare, au moment où les chantiers de restauration se multiplient.
Il y a de plus en plus de projets patrimoniaux, pour qu'on puisse conserver notre patrimoine bâti, affirme Ian Lapostolle devant un imposant chantier de la rue McGill, dans le Vieux-Montréal. La main-d'œuvre est difficile [à trouver], ajoute le vice-président de l'entreprise de construction St-Denis Thompson.
Pendant plusieurs années, les jeunes étaient moins intéressés par ces métiers-là [...] Ce sont des métiers qui sont durs sur le corps. Maçon, c'est un métier difficile, il faut être fait fort et il faut aimer ce qu'on fait.
La problématique de la reconnaissance des métiers et des savoir-faire traditionnels liés au patrimoine bâti est connue depuis longtemps. Dans son rapport 2020-2021, la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, soulignait que depuis 1994, le ministère de la Culture et des Communications a réalisé deux études pour dresser le portrait de la situation, mais que ces efforts n'avaient donné aucun résultat et que la situation ne s'était pas améliorée.
Mais cela pourrait commencer à changer grâce à un nouveau programme de formation mis au point par le Conseil des Métiers d'art du Québec et le Cégep du Vieux Montréal, appuyé par le gouvernement. Pour la première fois, on va donner une formation assortie d'un diplôme, spécialisée dans les métiers d'art du patrimoine bâti.
Ce programme, dont les cours vont commencer dans quelques jours, s'adresse à des étudiants qui ont déjà un métier, par exemple des ouvriers qui travaillent dans la construction. Deux spécialités sont offertes pour commencer : la taille de pierre et l'ébénisterie patrimoniale.
Certains étudiants ont déjà commencé leur formation l'hiver dernier, dans le cadre d'un projet-pilote. C'est le cas de Khalid Benmbarek, un briqueteur-maçon qui travaille cet automne à la restauration d'une école patrimoniale, sur le Plateau Mont-Royal.
On a eu beaucoup de théorie [...] Ensuite, on est passé à un cours de dessin technique. On a vu beaucoup de choses sur les types de pierre : les minéraux, les différents outils à utiliser, les bonnes et les mauvaises pratiques pour nettoyer et entretenir la pierre.
La formation vise à donner aux étudiants les bons outils pour travailler sur des chantiers patrimoniaux, explique le formateur Alexandre Maquet, tailleur de pierre. Savoir d'abord caractériser la façade, connaître son style, son époque, précise M. Maquet. Bien sûr, les cours fourniront aussi toutes les techniques de taille de pierre traditionnelle pour pouvoir reproduire des éléments d'architecture, ajoute-t-il.