Nouveau complexe médiatique à Toronto : la communauté artistique reste mitigée
Radio-Canada
L’annonce du nouveau studio de cinéma et complexe médiatique à Toronto soulève encore plusieurs questions parmi le monde artistique de la Ville Reine. Certaines organisations craignent, entre autres, que ces investissements ne reviennent pas à la communauté.
Huit plateaux de tournage, des bureaux et des ateliers de productions, répartis sur environ 388 000 pieds carrés de terrains municipaux pour un total de 250 millions de dollars : le prochain complexe cinématographique qui verra le jour en 2024 à Toronto serait le plus grand projet du genre en plusieurs décennies, selon le maire John Tory.
Il y a définitivement du positif, a réagi Chris Kennedy, directeur général de l’organisme Liaison of Independent Filmmakers of Toronto (LIFT), qui aide les cinéastes indépendants à avoir accès à de la formation, des équipements et des ressources pour produire leurs films.
Il y a beaucoup de gens dans le secteur du cinéma indépendant de Toronto qui fournissent de la main-d'œuvre pour le type de films qui seront tournés dans un espace comme celui-ci, note M. Kennedy. C’est un bon moyen pour ces gens de payer les factures souligne-t-il, saluant également le programme éducatif local d’un millions de dollars que les promoteurs se sont engagés à financer en vertu de leur accord avec la Ville.
Toutefois, il s’inquiète de voir comment ces investissements faits par ces deux grosses compagnies américaines vont pouvoir servir la communauté à une échelle locale.
« C'est toujours une préoccupation que Toronto ne soit qu'un bassin de main-d'œuvre pour les initiatives dirigées par des compagnies étrangères, et que la plupart de l'argent quitte la communauté et cela contribue à une sorte de gentrification des arts et de la culture. »
Kadon Douglas partage ces préoccupations. Elle dirige BIPOC TV & Film, une organisation à but non lucratif qui soutient, à travers plusieurs initiatives, les personnes noires, autochtones et de couleur dans l’industrie de la télévision et du cinéma.
Une chose qui m'a frappée à propos de l'annonce, c'est la ligne sur les investissements et le soutien aux talents créatifs locaux, confie Mme Douglas.
En plus du programme éducatif, les promoteurs Hackman Capital Partners (HCP) et le groupe MBS se sont également engagés à établir un fonds d'un million de dollars pour soutenir et encourager la création de contenu canadien, peut-on lire dans le communiqué de presse la Ville.