Norme sur le nickel : l’AQME dénonce une « erreur scientifique fondamentale »
Radio-Canada
L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) a dénoncé vendredi le fait que la nouvelle norme sur le nickel proposée par le ministre Benoit Charette repose sur la composition de nickel de l’air européen et non sur celle de l'air du Québec, alors qu'il s'agit de composés de nickel différents.
Nous avons découvert une erreur scientifique fondamentale, fait savoir Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnementAQME par voie de communiqué.
Pour établir une norme sur le nickel, il faut savoir quelle sorte de composé de nickel on a dans l’atmosphère, donc dans l’air, parce qu’il y a plusieurs composés de nickel qui ont des propriétés différentes, explique la Dre Johanne Elsener, membre de l'Association québécoise des médecins pour l’environnementAQME, en entrevue à Radio-Canada.
Elle souligne la distinction entre le sulfate de nickel, qui a plutôt des effets respiratoires, alors que le sulfure de nickel a plutôt des effets cancérigènes.
La norme de 20 ng/m3 [nanogrammes par mètre cube] adoptée par l’Europe repose sur une composition de l’air en Europe où le sulfate de nickel est plutôt prédominant [...] par contre si on a du sulfure de nickel, l’Organisation mondiale de la Santé [OMS] recommande une norme beaucoup plus basse à 3 ng/m3, poursuit-elle.
Mais là où le bât blesse, c'est qu'on ne retrouve pas dans l’air de Québec du sulfate de nickel, mais plutôt du sulfure de nickel et de fer. Donc on ne peut pas se baser sur la composition de l’air européen pour établir une norme de 20 ng/m3, assure Dre Elsener.
À cela s'ajoute le fait que dans une étude du 18 avril 2013 intitulée Origine des concentrations élevées de nickel dans l’air ambiant à Limoilou et menée par le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), celui-ci démontre que l’air de la Ville de Québec contient une composition de nickel totalement différente de l’air européen, selon l'Association québécoise des médecins pour l’environnementAQME.
Il s’agit essentiellement de pentlandite, un sulfure de nickel et de fer (Ni9Fe9S8) pouvant être associé à une augmentation de cancers pulmonaires dans la littérature scientifique, met en garde Dre Pétrin-Desrosiers.
On soupçonne un effet cancérigène de ce sulfure de fer et de nickel, donc on recommande d'y aller par principe de précaution sur une norme qui va permettre de prévenir le cancer, une norme de 3 ng/m3 [nanogrammes par mètre cube, propose la Dre Elsener.