
Neuf ans après la tragédie, Lac-Mégantic se souvient
Radio-Canada
Il y a neuf ans jour pour jour, un train chargé de pétrole explosait à Lac-Mégantic, arrachant à la communauté 47 de ses citoyens.
C'est une plaie qui ne se refermera jamais complètement pour les Méganticois, dont plusieurs ont été eux-mêmes impliqués dans la tragédie ou ont perdu un être cher lors des malheureux événements. J'étais avec une amie et on sortait du Musicafé. Les musiciens venaient juste d'arrêter une séance de jeu. On s'en allait vers le parc des Vétérans et on se trouvait dans l'ancienne ruelle du centre-ville quand le train est entré. J'ai vu le train arriver, on voyait les flammèches sortir en dessous des locomotives. Avec la vitesse à laquelle il s'en venait, moi, je connais très bien le tracé au centre-ville, ça ne passe pas là, a témoigné le survivant de la tragédie, Jean Paradis.
« Je suis tout de suite tombé en mode alerte. J'ai dit à mon amie Marie-Claude de s'en venir, on se sauve! »
Les propos de M. Paradis résonnent toujours autant dans sa collectivité neuf ans plus tard. On a été témoin des trois premières explosions et, un moment donné, on a senti que l'air se faisait plus rare. Marie-Claude m'a convaincu de quitter l'endroit et de se sauver dans le lac [...]. On devait avoir nagé 50 pieds dans le lac lorsqu'il y a eu la première explosion au parc des Vétérans. Instantanément, les arbres ont perdu leurs feuilles. C'était un spectacle un peu spécial, raconte-t-il.
Le père de Kathy Clusiault, l'une des 47 victimes du 6 juillet 2013, a aussi accepté de raconter son histoire au micro de Par ici l'info. Jean Clusiault a pris la parole à de nombreuses reprises depuis les neuf dernières années. Kathy demeurait dans un logement juste en face du Musicafé. Elle a eu le temps de sortir dans la rue. Selon les coroners, ça n'a pas pris cinq secondes. Juste une bouffée d'air et c'était fini. Elle a été consumée.
Même s'ils n'oublieront jamais cette soirée qui a transformé leur vie, les deux hommes admettent que le temps a su panser un tant soit peu leurs blessures. La gestion de mes émotions va beaucoup mieux. Je n'ai pas eu le gros motton depuis deux ou trois ans. C'est plus rationnel, disons, mais on a pleuré en masse, a fait savoir Jean Paradis.
« Quand c'est arrivé, j'ai pris Kim [son autre fille] dans mes bras et je lui ai dit qu'on allait devoir être forts. C'est mon autre fille qui m'a sauvé. »
Comme chaque année depuis 2013, une cérémonie de commémoration est prévue à l'Espace mémoire de Lac-Mégantic, mercredi. Une messe commémorative aura entre autres lieu à 11 h.
En matinée, les élus municipaux se sont rendus sur place pour honorer la mémoire des 47 victimes. On écrit toujours un mot pour penser aux gens qui ne sont plus là et à ceux qui restent aussi. J'ai écrit persévérance, courage et résilience. J'ai toujours travaillé dans le public et j'ai même de la parenté qui est décédée dans cette tragédie. Alors, ça me touche toujours. Chaque année, quand on se recueille ici à Lac-Mégantic, c'est très important pour moi, a mentionné le conseiller municipal, René Côté.