Nathalie Roy, la pharmacienne qui a tout quitté pour s’occuper des chats abandonnés
Radio-Canada
« À un moment donné, j’ai dit que ce n'est pas vrai que je vais faire ça jusqu'à 55 ans! Je n'ai pas le temps de profiter de la vie ». À 42 ans, Nathalie Roy décide que son quotidien ne sera plus rempli que de prescriptions à déchiffrer, de casse-têtes pour remplacer des employés absents et de semaines de 60 heures passées dans son laboratoire. Maintenant, son temps, elle le met entre autres au profit du refuge pour animaux Pet Connection situé dans l’arrondissement de Lennoxville, à Sherbrooke.
À l’époque, Nathalie Roy est la propriétaire de la pharmacie Familiprix de Valcourt; une entreprise qu’elle a montée à bout de bras et qu’elle a installée dans un local adjacent à la maison de ses parents. Il fallait toute de même du cran pour ouvrir une troisième pharmacie dans une ville qui compte quelque 2000 âmes.
Les plans de ce commerce se sont amorcés fin 2003. J’ai donc démissionné de la pharmacie où je travaillais depuis toujours et je faisais du remplacement un peu partout, à Saint-Césaire, à Waterloo, en attendant d’ouvrir. Si c’était plus tranquille le soir, je faisais mes plans de pharmacie et de laboratoire entre deux clients. Ensuite, il y a eu les rénovations du local à faire, les employés à embaucher et la clientèle à recruter. J’ai été chanceuse. Beaucoup de clients m’ont suivie.
Quelques semaines plus tard, en janvier 2004, le néon ouvert s’illumine sur la devanture de la pharmacie de Nathalie Roy. Au même moment démarre le plus grand défi de sa vie : être femme d’affaires. Je me sentais comme la petite Gauloise dans la gang [des pharmacies de Valcourt], la petite dernière qui est arrivée. Mais, c'est moi qui toffait. qui tenait le coup. C'est moi qui ai résisté. Les autres pharmaciens ont fini par vendre. Je ne le cacherai pas; c'était un projet qui était quand même risqué au départ. Le monde me disait : "Soit t’es courageuse, soit t'es un peu folle!" Je dirais que c’était un mix des deux, mais c'est ça, dit-elle en éclatant de rire.
« C’était difficile d'être propriétaire. On est des BTU : des bouche-trous universels! Ton pharmacien ne rentre pas parce qu’il y a une tempête de neige? C'est toi qui le remplaces. Ton assistante technique a la gastro? C'est toi qui rentres! »
Oui, elle est fière de ce qu’elle a accompli, mais les semaines sont épuisantes. Longues. Lourdes. Le manque de main-d'œuvre fait en sorte qu’en plus de voir à l’administration de son entreprise, Nathalie Roy doit aussi être très présente sur le plancher. Les lundis et mercredis, j'étais pharmacienne. Les mardis et jeudis, j'étais technicienne. Des fois, je travaillais comme pharmacienne le jeudi soir. Puis, le vendredi encore la même chose que le jeudi. Je travaillais un samedi sur deux. Je peux te dire qu'à un moment donné, je me suis dit que ce n’était pas une vie, raconte-t-elle.
« C'est sûr que déjà, il y a une pénurie de pharmaciens et d'assistants techniques. À Sherbrooke, ils ont de la misère à trouver. Imagine-moi à Valcourt! C'est quasiment comme si j'étais au tiers-monde, comme si j’étais en région éloignée! »
Ce train de vie, qu’elle maintient pendant 15 ans, l'amène à prendre une grande décision : elle vend. Même si elle est sereine, elle doit garder le secret pendant un certain temps sur la transaction qui s’en vient et qui fera d’elle une femme libre. Ce n'est pas quelque chose que tu annonces nécessairement dans le journal. Tu ne veux pas faire fuir la clientèle et tes employés non plus, explique Nathalie Roy.
Si elle a la certitude qu’elle ne veut plus porter le poids d’une entreprise sur ses épaules, elle n'a, par contre, aucune idée de ce qui l’attend dans le tournant. On me demandait tout le temps ce que j’allais faire. Je ne savais pas vraiment. Tout ce que je voulais, c’était prendre de longues vacances et que c’était certain que je ne voulais plus me rembarquer dans quelque chose à temps plein.