
Muse et la volonté du peuple
Radio-Canada
Que veulent les gens? Que veut le peuple? Cette question aussi complexe qu’existentielle sous-tend le plus récent album du trio britannique Muse, Will of the People, dont la tournée du même nom faisait escale au Centre Bell, mardi soir.
Le chanteur Matthew Bellamy, le bassiste Christopher Wolstenholme et le batteur Dominic Howard prétendent-ils connaître la volonté du peuple? Pas plus que n’importe lequel d’entre nous. En fait, selon Bellamy, les propos de nombre des nouvelles chansons font plutôt état de l’incertitude ambiante et de l’instabilité qui prévaut dans le monde.
Une chose est sûre, le groupe s’est rapidement assuré que les 14 500 personnes qui remplissaient l’amphithéâtre n’oublient pas une seconde la trame narrative du concert.
Après une courte vidéo sur les écrans qui rappelait la pochette du disque paru l’an dernier, le trio accompagné du multi-instrumentiste Dan Lancaster s’est pointé sur scène avec les masques d’apparence métallique des personnages de leurs vidéos.
Le groupe a ouvert le feu – presque littéralement – avec la chanson-titre. Un jeu de lumière éblouissant, des lance-flammes brûlants et une structure métallique façonnée des lettres (W, O, T, P) formant l’anagramme du disque s’enflammaient les unes après les autres pendant que la guitare, la basse et la batterie – lourdes – tonitruaient. Le ton était donné. D’autant plus que deux des plus puissants titres (Hysteria, Psycho) du répertoire de Muse allaient suivre illico, transformant le parterre et les gradins du Centre Bell en une fourmilière.
À bien des égards, les nouvelles chansons de Muse sont taillées sur mesure pour raconter l’histoire d’un univers fictif dans lequel sévit un état totalitaire.
Pour le spectateur qui assiste au concert au risque d’être sourd le lendemain, le fil de l’histoire se passe autant sur les écrans que sur la scène. Une demi-douzaine de courts métrages nous montrent les protagonistes : ceux avec les masques luisants – le peuple – qui pourraient être une variation de ceux portés par le duo de Daft Punk et les Minotaures qui représentent le pouvoir répressif.
On passe des versions numériques sur les écrans à celles qui prennent forme sous nos yeux par l’entremise de figurines géantes – et drôlement menaçantes – placées derrière les musiciens durant le concert. Fort impressionnant.
Remarquez qu’à plus petite échelle, la production visuelle durant le segment d’Evanesence avait eu de quoi satisfaire le spectateur le plus exigeant avec ses éblouissants lasers qui allaient dans tous les sens pendant qu’Amy Lee et ses collègues se démenaient corps et âme.