Mort de Karim Ouellet: faisons preuve d'empathie
TVA Nouvelles
Il va sans dire, les circonstances entourant la mort de Karim Ouellet sont troublantes, et d’une tristesse infinie. Et son traitement médiatique contribue à ajouter l’insulte à la blessure. Ce qui est choquant dans le discours ambiant, c’est qu’on semble insinuer que cet artiste chéri du public québécois serait mort par sa propre faute.
Faute de ne pas avoir accepté sa condition de personne atteinte du diabète de type 1 (DT1).
Faute d'avoir mal «contrôlé» sa maladie.
Faute d'avoir pris de la drogue.
Il y a là tous les ingrédients d'un discours où l’on blâme la victime.
Et cela contribue à la stigmatisation des personnes vivant avec le DT1.
Je suis moi-même atteinte de cette maladie auto-immune depuis l’âge de trois ans et demi. Maintenant doctorante en psychologie, mon sujet de spécialisation est le vécu avec le DT1. J’ai donc à la fois subi et été témoin des ravages que peut générer la réprobation sociale entourant la gestion de cette maladie chronique.
Au moment même où j’écris ces lignes, un ami m’a raconté que son expérience avec le DT1 lui inspirait des pensées suicidaires et que la couverture médiatique de la mort de Karim Ouellet alimentait ses idées noires.
J’aimerais porter à l’attention de tous que l’acceptation d’une maladie aussi complexe et tragique que le DT1 ne va pas de soi. Cette question est très mitigée au sein de notre communauté. Pour certains, l’idée d’accepter la maladie est perçue comme une injonction à ne plus ressentir de frustrations devant les difficultés qu’elle peut entraîner. Insidieusement, un tel commandement paraît avoir comme objectif de nous réduire au silence, faute de n'avoir plus rien à revendiquer.