Morceler les terres agricoles pour favoriser les fermes à dimension humaine?
Radio-Canada
Québec souhaite permettre le morcellement des terres agricoles dans le but d'améliorer l'accès à la propriété des agriculteurs de la relève.
C'est l'une des nombreuses dispositions contenues dans le projet de loi 103 du gouvernement, qui propose des amendements à plusieurs lois, dont celle sur la protection du territoire et des activités agricoles.
Le gouvernement souhaite ainsi donner davantage d'outils à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pour mieux accompagner les agriculteurs de la relève, explique le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, André Lamontagne.
On a 25 à 30 % de jeunes qui sortent de nos écoles et qui veulent pratiquer une agriculture qui est émergente. Il y a des gens qui ont de super beaux projets mais ultimement, les commissaires à la CPTAQCommission de protection du territoire agricole du Québec n'ont pas les leviers pour pouvoir accompagner ces projets-là.
L'Union des producteurs agricoles (UPA), qui a participé aux consultations concernant ce projet de loi, considère qu'il part d'une bonne intention. Cependant, son président au Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, estime que le morcellement des terres n'est pas la chose à faire pour encourager l'agriculture à plus petite échelle. Cela risque au contraire, selon lui, de favoriser l'étalement urbain et l'établissement de personnes qui bâtiront leurs maisons sur ces terres sans véritablement y faire de l'agriculture.
Le monde veut sortir des grandes villes, surtout avec ce qu'on vit présentement, les gens veulent aller dans les régions, les petits villages, les terres agricoles. Y'a bien des places où il n'y en a plus, des maisons à vendre. Les municipalités, ce qu'elles font, c'est essayer d'avoir des terrains pour y mettre leurs maisons, estime-t-il.
Pour favoriser la relève, M. Marquis croit plutôt que Québec devrait concentrer ses efforts sur la valorisation des terres en friche et, aussi, mettre en place des mécanismes pour faire cesser la spéculation sur les terres agricoles. Au Bas-Saint-Laurent et au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le prix moyen des terres a grimpé de 20 % l'année dernière, une tendance qui ne s'essouffle pas, et qui tend à freiner les élans des jeunes agriculteurs.
Le vice-président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et ex-préfet de la MRCMunicipalité régionale de comté de Kamouraska, Yvons Soucy, milite depuis des années pour mettre fin à la spéculation et à l'accaparement des terres. Il croit cependant que le fait de donner accès à des superficies de terre moins grandes pourrait avoir un effet bénéfique pour les jeunes agriculteurs et pour les petites communautés dévitalisées.
Au niveau de la revitalisation de nos milieux, de pouvoir compter sur des projets comme ceux-là [...] ça peut être une façon d'attirer des jeunes pour qu'ils réalisent le rêve de leur vie et contribuent au développement de notre région.