Mont d’Youville: Simon Jolin-Barrette invité à se dissocier des agresseurs
TVA Nouvelles
Le représentant des quelque 500 victimes alléguées de l’orphelinat du Mont d’Youville implore le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, de se ranger dans le camp des victimes plutôt que celui des agresseurs.
Depuis près de quatre ans, Jean Simard se bat dans le cadre d’une action collective contre les Sœurs de la Charité et le CIUSSS de la Capitale-Nationale pour faire reconnaître les abus physiques, psychologiques et sexuels de près de 500 victimes qui ont été hébergées à l’orphelinat du Mont d’Youville. Depuis avril 2018, les procédures s’enlisent au détriment des victimes vieillissantes, dit leur représentant.
Dans une lettre ouverte publiée dans nos pages, M. Simard demande au ministre de la Justice d’envoyer un signal clair aux avocats du gouvernement pour que ceux-ci s’entendent avec les victimes plutôt que de les « cuisiner » une à une pendant de longues journées d’audience. « On est en train de répéter l’agression », déplore l’homme qui a lui-même été victime d’un agresseur qui alternait violence physique et violence sexuelle lorsqu’il avait 10 ans.
Pas moins de 95 agresseurs allégués, dont 67 religieuses de l’orphelinat de Beauport, sont visés par l’action collective de M. Simard. Une somme d’au moins 20 M$ est exigée à titre de dommages-intérêts punitifs et exemplaires aux Sœurs de la Charité et au CIUSSS de la Capitale-Nationale par les responsables de l’action collective.
C’est que l’orphelinat, d’abord tenu par les Sœurs de la Charité, a ensuite été cédé au ministère des Services sociaux pour devenir le Centre jeunesse de Québec en 1996, avec tous les droits et obligations qui leur incombaient.
Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec Jean Simard sur QUB radio:
M. Simard rappelle à M. Jolin-Barrette qu’il a déposé, il y a quelques mois à peine, « les yeux embués à l’Assemblée nationale », le projet de loi 92 pour la création d’un tribunal spécialisé en matière de violences sexuelles afin de mettre les victimes au centre du processus judiciaire. Il invite donc la CAQ et le ministre de la Justice à se « dissocier des agresseurs ».
« Le ministre peut donner le mandat aux avocats de l’État de régler », plaide M. Simard. « Au pire les Sœurs de la Charité se retrouveront seules dans leur camp », ajoute-t-il.
« Il y a des victimes qui sont mortes ou qui ne verront jamais le bout de ça », rappelle-t-il au ministre. En 2010, John-Anthony O’Reilly, un ex-éducateur de l’orphelinat, avait été condamné à une peine de deux ans pour des agressions sur cinq pensionnaires.