
Mon hijab, mon identité, mon droit
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LETTRE OUVERTE – Depuis l’introduction de la loi 21 au Québec, j’ai lu de nombreux articles sur l’interdiction des symboles religieux. De nombreuses discussions ont porté sur la façon dont l’interdiction des symboles religieux visibles au Québec vise à s’inscrire dans la culture laïque de la province, sans toutefois reconnaître la violation évidente des droits fondamentaux de la personne. Le 21e siècle a-t-il ouvert la voie à l’exclusion et à la discrimination? Est-ce là la nouvelle tendance à l’inclusion et à la diversité multiculturelle du Canada?
Le projet de loi 21, intitulé «Loi sur le respect de la laïcité de l’État», a été formulé pour préserver le système politique québécois caractérisé par le refus d’influence et de contrôle ecclésiastiques. Avec dérision, mais non sans un certain sens de l’ironie, les musulmans n’ont-ils pas toujours été mis à la barre et jugés pour avoir contraint ou forcés les autres? Comment ce projet de loi n’a-t-il pas provoqué des vagues de tsunami perturbantes pour tous les Canadiens ? La décence exige que nous isolions et supprimions les pratiques qui, sans équivoque, sont discriminatoires et ont un impact disproportionné sur les personnes déjà marginalisées. Tout cela est regrettable et ne peut être réparé en étant simplement balayé sous le tapis. Ce mal doit être reconnu, affronté et combattu.
Selon le projet de loi 21, la laïcité doit être affirmée de manière à assurer l’équilibre entre les droits collectifs de la nation québécoise et les droits et libertés de la personne.» Entrée en vigueur en juin 2019, cette loi interdit le port visible de signes religieux tels que le hidjab, la kippa et le turban. Le préambule (projet de loi 21) note également que le Québec «attache de l’importance à l’égalité des femmes et des hommes» — une référence ostensible à la préoccupation exprimée par les personnes au pouvoir que le hijab (le foulard porté par certaines femmes musulmanes) et le niqab (un voile musulman) soient officiellement étiquetés comme des symboles d’infériorité féminine. Cette transgression à l’encontre des minorités, et des femmes musulmanes en particulier, constitue une violation définitive des droits fondamentaux de la personne.
Si les femmes musulmanes sont si opprimées, pourquoi aucune d’entre nous n’a-t-elle remercié le gouvernement du Québec pour sa bienveillance et pour nous avoir libérées et soutenues? Pourquoi les femmes musulmanes s’expriment-elles pour défendre leur droit le plus fondamental? Le gouvernement pense qu’il met fin à l’oppression ; c’est le projet de loi 21 qui est l’oppresseur. C’est le gouvernement du Québec qui contraint et empêche les femmes musulmanes d’exprimer leurs croyances et leur identité en portant le hijab.
Une notion à la mode, virale en cette ère de commodité, est la croyance que la religion et la foi restreignent la liberté et imposent des contraintes à l’individualité. Cependant, dans le Saint Coran, Dieu dit que si les gens ont reçu un enseignement de la foi, ils n’ont pas été surchargés à quelque égard que ce soit. Notre société a aveuglément franchi toutes sortes de lignes où les intérêts d’un individu sont mis sur un piédestal et sont devenus primordiaux. Cela a conduit à l’aliénation des familles, des équipes, des groupes et même des partenaires ; c’est également une cause de l’augmentation des taux de suicide et de divorce. Les gens ont coupé tout lien avec l’humanité et ont entrepris des changements fondamentaux dans leurs normes sociétales.
La religion n’est pas l’oppresseur, mais l’oppression nous est imposée par une pression extrême ou par une mise en œuvre forcée comme celle de la loi 21. Au Québec, l’oppression est mise en œuvre par la force et le pouvoir du gouvernement. Mais que se passe-t-il lorsque le Canada, tolérant et diversifié, devient l’oppresseur en plus d’intimider et de contraindre les femmes vers une situation inconfortable, insupportable et inimaginable pour elles ?
Le projet de loi implique que le fait qu’une femme musulmane se couvre est une restriction archaïque qui devrait être combattue à notre époque. Donc, pour votre information et votre éducation, le hijab est pour les femmes tel un filtre qui en partie tamise le mal et purge les pensées haineuses de ceux qui l’observe. Pour une femme musulmane, il s’agit d’une mesure de sécurité divine. Faussement interprété par la société occidentale, le hijab n’est pas un moyen d’opprimer ou de restreindre les femmes ; il a plutôt été prescrit pour libérer les femmes musulmanes des maux de la société et pour leur confier la responsabilité de préserver la norme morale de la société.