Mon beau-père nous a quittés dans le confort de son salon
TVA Nouvelles
Le 28 septembre dernier, j’ai vécu une expérience à la fois belle, mais aussi déstabilisante émotionnellement. Mon beau-père a choisi de quitter ce monde entouré de tous ceux qui l’aimaient, dans le confort de son salon.
Mon avis sur le sujet avait toujours été bien clair : quel beau privilège de pouvoir choisir sa date, son heure, de pouvoir choisir de ne plus souffrir, d’avoir le contrôle sur sa vie (sa mort) et ce jusqu’à la toute fin. Mon avis n’a pas changé, mais il est maintenant teinté de quelques nuances.
On banalise parfois ce type de décès, comme c’est permis depuis 2015, en n’y voyant que du beau, de la sérénité, de la douceur et du respect pour la personne qui prend la décision. Cependant, il ne faudrait pas oublier que c’est un geste qui demande beaucoup de courage non seulement pour la personne qui prend la décision, mais aussi pour l’entourage, car cela ouvre une plaie qui ne cicatrisera peut-être jamais totalement. Rien ne nous prépare à être aux premières loges du décès d’un être cher.
J’expliquerais cette expérience en 4 étapes. Tout débute par le déni : il va changer d’idée, il ne sera pas capable d’aller jusqu’au bout, il l ne doit pas avoir mal au point de vouloir envisager cette option où aucun retour n’est possible.
Vient ensuite l’incompréhension lorsqu’on réalise que la décision est belle et bien prise : Pourquoi? Qu’est-ce qui le pousse à faire ça? Il ne veut pas passer plus de temps avec les personnes qui tiennent à lui?
Et après la colère : Tu n’as pas le droit de faire ça, pas le droit de précipiter ton départ vers une destination sans retour, pas le droit de nous abandonner.
Et enfin, vous l’avez sûrement deviné, la peine : la peine de te rendre à l’évidence que tu dois laisser partir la personne et respecter son choix. Peine de constater que sa souffrance est rendue tellement omniprésente que seule cette option semble possible pour lui. Peine de voir que son corps est en train de l’abandonner un petit peu plus chaque jour et que c’est finalement mieux ainsi.
Malgré tout cela, nous avons eu l’immense privilège de vivre ses derniers moments avec lui. Nous avons eu droit à ses derniers rires, dernières larmes, son dernier « Banana split », son dernier solo d’accordéon, son dernier « pognage » de nerfs car son fil d’oxygène est resée pris dans les pattes de chaise et aussi, le plus difficile, ses derniers doutes. Car oui, le doute fait partie de ce processus et c’est ce qui fait possiblement le plus mal pour les gens autour. On le questionne pour être bien certain qu’il est prêt.
Cela dénote toute l’importance du rôle des « anges » autour de lui et de la famille. La travailleuse sociale a fait un travail extraordinaire en posant les bonnes questions et en respectant ses doutes et nos questionnements.