Mieux prévoir l’inflation que les banques centrales avec l’intelligence artificielle
Radio-Canada
C’est la question de l’heure : jusqu’où ira l’inflation? Les banques centrales n'ont pas réussi à prévoir son ampleur en 2021. Philippe Goulet Coulombe, un économiste spécialisé en apprentissage automatique de l’Université du Québec à MontréalUQAM, croit que l’intelligence artificielle aurait pu leur permettre d'y arriver. Il a développé un algorithme dans l’espoir de changer la donne.
Pendant des mois, la Banque du Canada a répété que la progression des prix, l’année dernière, n’était que temporaire. Ces derniers ont pourtant progressé de près 5 % au Canada et d'environ 7 % aux États-Unis.
On s’est rendu compte que c’était largement imparfait, souligne M. Goulet Coulombe au sujet de la méthode utilisée par la banque pour faire ses prévisions. Cette méthode est principalement fondée sur des indicateurs comme le taux de chômage et le produit intérieur brut (PIB) pour déduire l’état de l’offre et de la demande.
Quand tu arrives avec une expérience en apprentissage automatique, ça te donne un regard différent, dit-il.
Soutenu par une équipe de chercheurs, ce doctorant de l’Université de Pennsylvanie a créé un modèle algorithmique qu’il a entraîné avec des milliers de données historiques disponibles. Cet entraînement a permis au modèle d’apprendre par lui-même – ou de façon automatique – afin de réaliser des calculs et de dégager des prévisions avec les nouvelles informations entrantes en moins de deux heures.
Une fois mis à l’épreuve en reprenant les données disponibles dans les premiers mois de 2021, son modèle était, selon ses dires, pas mal plus près de ce qui s’est réellement produit aux troisième et quatrième trimestres.
Reste qu’une prévision une année à l’avance demeure presque impossible, admet-il. Ce n’est pas Nostradamus, ces affaires-là. La prévision n’est jamais parfaite.
« Les banques centrales ne sont pas déconnectées de la réalité. La réalité est complexe et, avec la pandémie, il est difficile de faire des parallèles avec d’autres périodes historiques. Elles naviguent dans le noir. »
Les algorithmes pourront, aux dires de l’économiste, offrir davantage de lumière pour savoir où va l’inflation pour mieux la gérer aujourd’hui.