Marketing par géolocalisation : les entreprises vous suivent à la trace
Radio-Canada
De nombreuses entreprises utilisent vos données de géolocalisation pour tout savoir sur vos habitudes de consommation et vous inonder de publicités taillées sur mesure. Si ces pratiques de marketing vous semblent envahissantes, il existe des moyens de les contourner et protéger vos données personnelles.
Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec Anne-Sophie Letellier, spécialiste en sécurité numérique, première analyste en sécurité de l’information à CBC/Radio-Canada.
Chaque fois que nous souhaitons télécharger une application, il faut, comme utilisateur, acquiescer à des conditions d'utilisation et à une politique de confidentialité. C’est à ce moment que l’application va, en quelque sorte, nous demander d’accéder à nos données.
Quand on parle de géolocalisation, on fait référence à des données qui sont récoltées parce que l’application a accès au module GPS de notre cellulaire. Mais cela peut aussi se faire par notre adresse IP, c'est-à-dire l’adresse d’un appareil mobile sur un réseau et sur Internet, qui peut donner une indication géographique approximative.
Les entreprises peuvent aussi avoir accès à votre emplacement sans passer par le module GPS de votre téléphone, en faisant de la triangulation grâce aux tours cellulaires à proximité.
La réponse pourrait être différente pour chacune des entreprises concernées. Mais, règle générale, ce qu’on voit le plus souvent, c’est à des fins de marketing. Récolter ces données-là donne des informations sur des clients potentiels.
Elles peuvent indiquer, par exemple, quels sont les magasins fréquentés par ces personnes, à quelle heure elles vont le plus probablement être chez elles, etc. Toutes ces informations peuvent aider différentes compagnies, essentiellement à des fins publicitaires, pour mettre de l’avant de la publicité ciblée.
On peut par exemple savoir si la personne aime beaucoup boire de l’alcool, si la géolocalisation a indiqué qu’elle va souvent à la SAQ, qu’elle va souvent dans les bars. Si une personne va souvent à l’hôpital, on peut dire qu’elle risque d’avoir des problèmes de santé et on peut l’aiguiller vers des publicités pharmaceutiques. C’est là que toutes ces informations peuvent être extrêmement utiles pour des annonceurs.
Nos lois en matière de protection des données personnelles sont très mal adaptées pour répondre à cette réalité. On n’a pas d’instance régulatrice qui puisse émettre un jugement. Le commissaire à la vie privée du Canada peut formuler des recommandations, mais après ça, il faut y aller au cas par cas. Il n’y a pas un cadre qui est très clair et défini. C’est donc très facile pour les entreprises d’en tirer avantage.