
Marie-Michèle Gagnon et le problème du financement du sport au Canada
Radio-Canada
Lors de ma dernière intervention avec Marie-José Turcotte aux Jeux de Pékin, nous avons parlé des performances canadiennes qui m'avaient le plus marqué durant la quinzaine olympique. Bien sûr, la victoire de Maxence Parrot en faisait partie, mais j’aime toujours regarder au-delà des évidences.
Parmi mes trois performances préférées, il y a eu la 8e place en descente de Marie-Michèle Gagnon. Lorsqu’on analyse une performance, on doit tenir compte de chacun des éléments qui se cachent derrière le simple résultat. Le chemin de Marie-Michèle pour se rendre à Pékin a été une piste de bosses, pas une descente bien damée.
Sa place au programme de vitesse après les Jeux de 2018 a été remise en question pour manque de financement. Après plusieurs mois d’efforts, Canada Alpin a trouvé des solutions pour elle et pour son entraîneur, Hansjörg Plankensteiner. De plus, grâce à l’entraîneur en chef de Canada Alpin, Manuel Gamper, qui a de bons liens avec la Suisse, ils ont pu collaborer avec cette équipe et ainsi améliorer les conditions d’entraînement sur neige. Voilà un bel exemple de solution créative lorsque les ressources financières sont limitées.
Marie-Michèle Gagnon a aussi subi plusieurs blessures ces dernières années et est toujours revenue plus forte. Pourtant, plusieurs détracteurs ont presque annoncé la fin de sa carrière à chaque occasion. Heureusement, son équipementier, Head, lui est resté fidèle et a même confirmé vouloir la soutenir au cours de la prochaine année. Bravo!
Bref, j’ai été extrêmement déçu d’apprendre (dans La Presse) qu’encore une fois, sa place dans le programme de vitesse était remise en question. Le moment choisi pour lui faire part de cette possibilité a lui aussi été très mal choisi alors que la saison n’est pas terminée. Pourtant, elle est encore une des meilleures, sinon la meilleure skieuse, et elle vient de terminer une saison extraordinaire dans le sport le moins prévisible et possiblement le plus compétitif des sports d’hiver.
Comment est-il possible qu’une athlète qui fait partie de mes trois performances olympiques préférées risque de se faire couper la neige sous le pied?
Le problème, c’est le financement du sport au Canada, qui se base presque uniquement sur les résultats olympiques.
Est-ce la bonne chose à faire pour assurer des résultats à long terme et pour bâtir une culture d’excellence?
Laissez-moi vous poser une autre question pour tenter d'y répondre. Sachant qu’Erik Guay n’a jamais gagné de médaille olympique, est-ce qu’on a gaspillé notre argent en soutenant le meilleur skieur canadien de tous les temps?