Manifestations en Iran : Téhéran s’en prend à des célébrités et des journalistes
Radio-Canada
Téhéran a intensifié jeudi la pression sur les célébrités et les journalistes en Iran, théâtre d'une vague de manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini quelques jours après l'arrestation de la jeune femme par la police des moeurs.
Des cinéastes, des athlètes, des musiciens et des acteurs ont exprimé leur solidarité avec les manifestants, y compris l'équipe nationale de football dont les joueurs ont porté des survêtements noirs pendant les hymnes interprétés avant un match à Vienne contre le Sénégal.
Nous allons nous en prendre aux célébrités qui ont soufflé sur les braises des émeutes, a déclaré le gouverneur de la province de Téhéran, Mohsen Mansouri, cité jeudi par l'agence de presse Isna, répétant le terme employé par les autorités pour désigner les manifestations.
Le mouvement de contestation, le plus important depuis 2019, a été déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, trois jours après son arrestation par la police des moeurs.
Il lui était reproché d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de l'Iran qui oblige notamment les femmes à porter le voile islamique.
Le chef de la justice iranienne, Gholamhossein Mohseni Ejei, a aussi pointé du doigt les célébrités : Ceux qui sont devenus célèbres grâce au soutien du système, pendant les jours difficiles, ont rejoint l'ennemi au lieu d'être avec le peuple. Tous doivent savoir qu'ils doivent rembourser les dommages matériels et spirituels causés au peuple et au pays, a-t-il dit.
Pour sa part, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a prévenu que malgré la douleur et le chagrin suscités par la mort d'Amini, la sécurité publique était la ligne rouge de la République islamique, et que personne n'était autorisé à enfreindre la loi et à provoquer le chaos.
Jeudi, une journaliste qui avait couvert l'enterrement de Mahsa Amini a été interpellée, a indiqué son avocat. Cette arrestation est intervenue après celle de la journaliste Nilufar Hamedi, du quotidien Shargh, qui s'était rendue à l'hôpital où Mahsa Amini était dans le coma et avait contribué à rendre publique l'affaire.
Selon l'agence de presse iranienne Fars, environ 60 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations le 16 septembre, tandis que l'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, a fait état d'un bilan d'au moins 76 morts.