Malgré un nouveau rapport sur le profilage, le SPVM maintient les interpellations
Radio-Canada
Le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) refuse de décréter un moratoire sur les « interpellations de routine », malgré un deuxième rapport indépendant qui conclut encore que les personnes racisées sont ciblées de manière disproportionnée par cette pratique policière.
Fady Dagher a fait ces commentaires jeudi après avoir déposé le rapport de quatre universitaires sur les interpellations policières et le profilage racial. Les chercheurs recommandent de suspendre temporairement ces interpellations aléatoires qui ne sont pas justifiées par l'enquête d'un crime spécifique ou par le soupçon raisonnable d'une activité illégale.
M. Dagher a admis en conférence de presse jeudi qu'un tel moratoire constituerait un geste symbolique attendu par certains. Mais le nouveau chef du SPVM assure qu'il préfère régler le problème à sa source.
Il soutient que s'il décrétait aujourd'hui un tel moratoire et que cet été, pour toutes sortes de raisons, il y avait une recrudescence d'événements violents, qui feraient en sorte que le sentiment d'insécurité augmenterait à Montréal, certains n'hésiteraient pas à montrer du doigt l'abandon des interpellations.
Les chercheurs de quatre universités québécoises ont examiné les données de 2021 et ont constaté que les Montréalais autochtones étaient six fois plus susceptibles d'être arrêtés que les Blancs. Les données ont montré que les Noirs étaient trois fois et demie plus susceptibles d'être arrêtés que les Blancs, et les Arabes deux fois et demie.
Le chef Dagher, qui est entré en fonctions au SPVM en janvier, convient qu'il est inquiétant qu'il n'y ait pas eu de réels changements dans les données depuis la publication en 2019 d'un rapport des mêmes chercheurs sur le même sujet.
Plutôt que de décréter un moratoire sur les interpellations aléatoires, le chef du SPVM privilégie l'approche des petits pas constants, toujours dans la même direction, et qui font une différence réelle dans la durée.
Les chercheurs recommandaient aussi dans leur rapport que le moratoire soit accompagné de l'examen approfondi de l'interpellation : ses dimensions juridiques, l'encadrement de sa pratique, sa contribution à la lutte contre la criminalité, ses effets généraux sur la sécurité publique.
Ils recommandaient également la mise en place de mesures efficaces qui réduisent significativement les risques de profilage racial dans toutes les interventions policières.