
Malgré la vente d’Element AI, l’intelligence artificielle ne cesse de croître à Montréal
Radio-Canada
L’industrie montréalaise de l’intelligence artificielle a tourné la page sur la vente du fleuron Element AI à l’américaine ServiceNow, une transaction qui avait grandement déçu au sein du Québec inc. il y a un an. Mila, l’Institut québécois de l’intelligence artificielle, fait état de sa « croissance exponentielle » dans une première étude d’impact.
L’organisation, soutenue par les universités de Montréal et McGill, réunit maintenant 87 professeurs, plus du double qu’en 2019. Avec plus de 800 chercheurs et étudiants, il s’agirait de la plus grande concentration de chercheurs universitaires en apprentissage profond au monde. Le financement universitaire à Montréal atteint plus de 1,34 milliard de dollars, ce qui en fait la première ville canadienne en la matière.
Mila a été mis sur pied dans sa forme actuelle en 2017. Sa présidente et cheffe de la direction sentait qu’il était important de faire le point. Valérie Pisano rapporte que Mila a triplé en trois ans, tant sur le plan scientifique que sur les plans économique et social.
« L’adoption de l’intelligence artificielle par les entreprises, on en parle et on en parle, mais là, quelque chose est en train de se mettre en place. De plus en plus de gens l’adoptent pour l’intégrer dans leurs projets de services. »
Depuis mars 2020, le nombre de partenaires industriels, comme IBM, est passé de 42 à 84, et Mila compte désormais 46 entreprises émergentes parmi ses membres. Une trentaine de géants technologiques, comme Facebook, Google, Ericsson, Microsoft et Samsung, ont établi des centres de recherche en intelligence artificielle dans les dernières années à Montréal.
Quant à la perte de la propriété québécoise sur Element AI et la suppression de nombreux postes qui en a découlé, Valérie Pisano admet qu’un moment d’arrêt a été nécessaire. La conclusion, c’est qu’il va y avoir d’autres licornes, estime-t-elle. Elle rappelle que la majorité des chercheurs de la défunte entreprise demeurent présents au Québec sous la bannière de ServiceNow.
Seulement en 2020, pas moins de 3500 nouveaux emplois ont été créés dans le secteur au Québec, une croissance de 22 % qui a contribué à hauteur de 385 millions de dollars au produit intérieur brut. L’intelligence artificielle regroupe dorénavant près de 20 000 emplois directs sur le territoire. De 2018 à 2020, plus de 1,7 milliard de dollars ont été investis en capital de risque dans de jeunes entreprises québécoises en intelligence artificielle.
Si la main-d'œuvre est difficile à trouver dans nombre de domaines aujourd’hui, imaginez dans celui de l’intelligence artificielle, qui nécessite des compétences de pointe du niveau de la maîtrise ou du doctorat.
Quelque 70 % des étudiants chez Mila proviennent de l’étranger, et la renommée de Yoshua Bengio, fondateur et directeur scientifique de l'institut, n’y est pas pour rien. Le chercheur postdoctoral espagnol Alex Hernandez-Garcia parle de M. Bengio comme de la référence et de la personne la plus importante dans l’intelligence artificielle.