Lutter contre le désert alimentaire en Haute-Gaspésie
Radio-Canada
À Cap-Chat, petite ville de 2500 habitants au bord de la route 132, le dépanneur Denis Francoeur est le seul commerce qui vend des produits d’alimentation. Les autres ont fermé dans les dernières années. Les automobilistes et motoneigistes s’arrêtent à la station essence et en profitent pour acheter un café, un muffin, un lunch ou même de quoi souper.
Ouvert de 6h à 21h, le dépanneur répond à un besoin vital de la population locale ou de passage. Comme cette dame de Mont-Louis qui vient de faire la route depuis Montréal, soulagée de pouvoir acheter ici quelques produits surgelés, qu’elle pourra réchauffer en arrivant, dans une heure. Le souper sera pas long à faire! se réjouit-elle, avant de se sauver.
Mais ce n’est pas vraiment une épicerie, ça dépanne, fait remarquer le caissier Claude Roy, 60 ans, un jeune retraité des Forces armées canadiennes, qui aime travailler ici pour voir du monde.
Les clients peuvent trouver des fruits et légumes, quelques produits frais et de boulangerie, des bières locales, des plats préparés dans la cuisine à l’arrière, très appréciés des travailleurs pour leur repas de midi. Le commerce s’est même agrandi pour répondre aux besoins. Y a beaucoup de gens qui passent par ici parce que justement, y'a pas d’autre place, souligne Claude Roy.
Sinon, pour trouver de quoi se nourrir, il faut aller à Sainte-Anne-des-Monts, à 15 kilomètres. C’est là que se trouve le seul grand supermarché de la Haute-Gaspésie, un Métro. Pour acheter en plus grande quantité et moins cher, bien des résidents de la Haute-Gaspésie sont prêts à aller jusqu’à Matane (86 km plus loin) ou Rimouski (182 km).
Mais on monte pas là rien que pour le plaisir, dit Claude Roy. Il y a le coût de l’essence. Il est déjà monté à 2,16$. On ne peut pas se promener quand on veut!
C’est sans compter les jours de tempête hivernale, quand la neige vole en poudrerie et recouvre le goudron de la 132, que les vagues du Saint-Laurent se déchaînent le long de la route, la recouvrent, y déposent des troncs d’arbre, ou en emportent une portion. Là, chacun reste chez soi.
La population a davantage pris conscience de son manque d’autonomie alimentaire pendant la pandémie, lorsque les déplacements étaient restreints d’une région administrative à l’autre. Le Métro peinait à nourrir toute la population du territoire. Il pouvait y avoir une file d’attente d’une heure avant de pouvoir rentrer faire ses achats, se souvient Catherine Plamondon, une résidente de Cap-au-Renard, un hameau de 400 habitants, situé à 20 km de l’épicerie.
« On est très vulnérables face à notre autonomie alimentaire. On est très dépendants de la route et d’une seule grosse épicerie. »