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Luc Montagnier, Prix Nobel de médecine, s’éteint à 89 ans
Radio-Canada
Rejeté sur le tard pour des théories douteuses, le chercheur français Luc Montagnier, décédé à 89 ans, reste à jamais associé à la découverte du virus du sida qui lui a valu le prix Nobel de médecine.
Le chercheur français est mort à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, a annoncé jeudi le maire de la ville, Jean-Christophe Fromantin.
Ses propos controversés contre les vaccins anti-COVID l'avaient remis sur le devant de la scène, lui attirant la sympathie des antivaccins et le discréditant un peu plus auprès de la communauté scientifique.
J'ai toujours cherché l'insolite. J'ai du mal à travailler sur un courant déjà établi, confiait ce biologiste spécialiste des virus dans un documentaire consacré à des travaux qu'il qualifiait lui-même de sulfureux sur la mémoire de l'eau, diffusé en France en juillet 2014.
Le virologue, à l'œil vif et au visage toujours poupon à 80 ans passés, se décrivait comme un marginal en blouse blanche malgré ses lauriers internationaux, avec le prix Nobel attribué en 2008 pour sa découverte un quart de siècle plus tôt.
Dans les années 1980, la fièvre s'était emparée d'une poignée de laboratoires dans le monde afin de découvrir l'origine d'un mal étrange qu'on nommait, faute de mieux, maladie des 4 H (car semblant s'attaquer essentiellement aux homosexuels, héroïnomanes, Haïtiens et hémophiles).
Né le 8 août 1932 à Chabris, dans le centre de la France, le virologue dirige alors, depuis 1972, un laboratoire spécialisé dans les rétrovirus et oncovirus (responsables de cancers) à l'Institut Pasteur.
Début 1983, il isole avec ses associés Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann un nouveau rétrovirus qu'il baptise provisoirement LAV (Lymphadenopathy Associated Virus) à partir d'un prélèvement effectué par le Dr Willy Rozenbaum sur un jeune malade, un homosexuel ayant séjourné à New York.
C'est pour lui l'agent causal de la nouvelle maladie. Mais la découverte est accueillie avec scepticisme, en particulier par l'Américain Robert Gallo, grand spécialiste des rétrovirus.