
LouNat, portrait d’une reine du slam en trois mots
Radio-Canada
Le mot est correct, mais ne l’appelez pas slameuse. « J’aime slameure, même si le mot n’est pas encore entré dans le dictionnaire », s’amuse la Gatinoise LouNat. « Ajouter simplement un e, cela suffit pour affirmer ma féminité », précise avec malice celle qui est également auteure, professeure et docteure en géographie humaine.
Passionnée du verbe et du slam, voilà 12 ans que LouNat, Louise Nathalie Boucher de son vrai nom, aime manipuler les mots avec dextérité. Un talent salué dimanche dernier au 14e Grand slam de poésie, compétition organisée par la Ligue québécoise de slam et remportée haut la main par la slameure expérimentée.
Tout a commencé par la Maison des auteurs, se souvient LouNat. À la fois curieuse de découvrir l’édifice patrimonial et intriguée par les joutes verbales qui s’y déroulent, elle décide un jour de s’y rendre pour faire d’une pierre deux coups. De retour chez elle, la découverte l’inspire au point qu’elle écrit un texte immédiatement, presqu’au complet. Dès lors, elle en présentera un à la joute suivante puis presque à toutes les joutes, depuis 12 ans, se réjouit la Gatinoise, devenue membre depuis de SlamOutaouais.
Lauréate 2018 du concours Québec-France de slam-poésie, conférencière, détentrice d’une maîtrise en anthropologie, professeure à l'université d'Ottawa et auteure du recueil Au secours! Je slame!, son pseudonyme la résume assez bien. Lou pour Louise, mais aussi pour son côté instinctif, animal, la louve qui hurle sur scène, celle qui est plus physique, plus sensorielle, plus intuitive. Et Nat pour Nathalie, clin d'œil également à un aspect plus rigoureux de sa personnalité, l’étudiante nattée qui aime potasser des livres, faire des recherches, des découvertes, comprendre le monde. Et le raconter.
En trois mots, LouNat nous parle du slam et du rapport qu’elle entretient avec cet art accessible vraiment à tout le monde, encourageant les gens à venir assister aux joutes que Le Troquet accueille tous les premiers dimanche du mois et, pourquoi pas, à s’y essayer à leur tour.
Le slam, c’est de la création avec un minimum de médium, assure LouNat.
S’il est vrai qu’elle a l’habitude de partager ses textes par écrit, sur scène et en vidéo, la slameure souligne qu’au départ, la matière n’est faite que d’écrit et de parole. Pas besoin de matériau, d’informatique, d’outil. On a une idée, on la met sur papier et on la déclame, s'enthousiasme LouNat, valorisant un processus de création à l'état pur, qui ouvre les portes sur une infinité de possibilités.
On en est au début du slam. Et chaque fois, les slameurs et slameuses sont de plus en plus créatifs, avec des idées toujours nouvelles, originales. Il y a mille et une façons de jouer avec les mots, les intonations, les émotions, la prononciation et le contenu, bien entendu. Il y a tant de façons de faire passer un contenu. Le côté créatif est vraiment fascinant.
Elle se souvient du processus créatif de son tout premier slam, un texte très intuitif. Pour progresser, pas de formation, mais des participations à des ateliers et des rencontres dont elle s’imprègne, notamment avec l’auteur, poète et slameur David Goudreault, ou encore avec Mehdi Hamdad, poète, interprète et comédien.