Logement : stopper les acheteurs qui ne visent que les profits
Radio-Canada
La nouvelle défenseure fédérale du logement, Marie-Josée Houle, croit qu’Ottawa peut freiner la hausse du coût du logement en mettant un terme à la financiarisation des propriétés.
Il y a des gens qui ont acheté beaucoup de maisons durant la pandémie pour des raisons d'investissement. Ça a fait augmenter le prix pour tout le monde , a déclaré Mme Houle dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir.
Si elle estime que le gouvernement fédéral a le pouvoir d’intervenir, elle n’est pas encore en mesure de dire comment. Marie-Josée Houle a entrepris en février son mandat de trois ans. Elle a besoin d’amasser plus de données avant de proposer des solutions.
Le logement est devenu une marchandise. Le phénomène ne concerne pas que les maisons.
Les logements locatifs ont eux aussi fait l’objet de surenchère. Des entreprises les ont achetés et ont procédé à ce qu’on appelle des rénovictions. Ils ont évincé les locataires pour rénover les appartements avec l’intention de faire grimper le loyer. On n'a pas de contrôle sur les unités vacantes, ajoute Mme Houle, alors n'importe quel propriétaire peut augmenter le prix du loyer. Même les provinces exerçant un contrôle des prix n’ont pas échappé au stratagème.
La défenseur fédérale met en garde ceux qui montrent du doigt les spéculateurs étrangers comme étant les grands responsables de la situation. Ils ne représentent que 5 % des acheteurs. Quand on vise les étrangers, c'est comme dire : regarde les autres. En fait, 95 % sont des investisseurs ou des entreprises d'investissement canadiennes. Alors il faut aller plus loin que ça.
Marie-Josée Houle dispose de plusieurs outils pour repérer les problèmes systémiques qui prévalent au pays afin d’émettre des recommandations. Elle surveillera de près la réponse des gouvernements à ses rapports afin de s’assurer que l’argent investi par tous les ordres de gouvernement bénéficie à ceux qui en ont le plus besoin.
Les personnes racialisées, les Autochtones, les personnes vivant avec un handicap, les itinérants et les femmes sont les groupes souffrant le plus de la pénurie de logements. Pour ces gens, comme pour tous les Canadiens, l’accès et le prix sont importants, a indiqué Mme Houle, mais le droit au logement comporte d’autres facettes. C'est pas juste une question d'abordabilité. On parle de salubrité, de sécurité. On veut que le logement soit adéquat pour leurs besoins aussi. Il faut toujours revenir à la question du logement comme droit de la personne.
Il a fallu 30 ans pour en arriver à cette crise et la défenseure fédérale croit qu’il n’y aura pas de solutions miracles pour régler le problème à court terme. Marie-Josée Houle estime que le gouvernement fédéral a montré sa volonté d’y remédier en élaborant une stratégie nationale sur le logement et en investissant quatre milliards de dollars dans le dernier budget pour la construction de 100 000 unités, en plus d’ajouter un milliard et demi de dollars au fonds destiné au logement abordable.