Loblaws : le gel de certains prix augmentera la pression sur la concurrence
Radio-Canada
L'annonce, lundi, du gel pendant plusieurs mois des prix des produits de la marque « Sans nom » par sa compagnie mère, Les Compagnies Loblaw Limitée, risque d'accroître la pression sur les autres entreprises d'alimentation, mais aussi sur les distributeurs de produits, jugent des spécialistes.
En entrevue à Midi Info, sur les ondes d'ICI Première, Johanne Labrecque, spécialiste en marketing alimentaire et en commerce de détail à HEC Montréal, estime qu'il est normal que Loblaws, le plus grand détaillant en alimentation du Canada, agisse avec ce gel des prix des produits de la marque « Sans nom » jusqu'à la fin janvier 2023.
Les épiciers vont toujours s'adapter aux changements économiques pour s'assurer de demeurer concurrentiels, mentionne-t-elle. Dans le contexte inflationniste, la sensibilité aux prix des consommateurs demeure prévalente.
Mme Labrecque précise cependant que le gel des prix est plus adapté aux produits « Sans nom », dont le prix est moindre, que ceux de la marque « Le choix du président », qui appartient aussi à Loblaws.
Cela s'explique, selon elle, par le fait que les clientèles visées par les deux marques sont différentes, les consommateurs qui choisissent « Sans nom » disposant généralement de revenus moindres.
Donc, en garantissant la stabilité des prix, on essaie de créer une loyauté par rapport à l'enseigne, indique encore la professeure.
Cet avis est partagé par Sylvain Charlebois, professeur à l'École d'administration publique de l'Université Dalhousie, qui voit certes un coup de marketing pour Loblaws dans cette annonce, mais aussi la conclusion logique du fait que l'entreprise a un meilleur contrôle sur les différentes étapes de la chaîne d'approvisionnement [de la marque « Sans nom »], ce qui n'est pas nécessairement le cas pour les autres marques.
Les deux spécialistes s'entendent aussi pour dire que le geste de la compagnie fera pression sur les autres épiciers, au Québec comme au Canada, pour que certains prix alimentaires soient gelés.
Cela dépendra, estime Mme Labrecque, de la capacité de négociation des détaillants, mais aussi des distributeurs. À preuve, rappelle-t-elle, ce bras de fer récent entre Loblaws et Frito-Lay, qui possède plusieurs marques connues de croustilles et autres grignotines.