
Lieux hantés et histoires glauques de Sherbrooke
Radio-Canada
En cette journée d'Halloween, Radio-Canada Estrie s'est intéressée aux phénomènes mystérieux, étranges et insolites survenus à Sherbrooke. Karine Savary, conservatrice au Musée d'histoire de Sherbrooke, a fouillé dans les archives pour dénicher ce qui a parfois causé de petites frayeurs - ou marqué l'actualité à une autre époque. Visite en photos.
Des bruits de pas inexpliqués, des objets qui tombent sans raison... les faits étaient à ce point étranges qu'ils ont poussé les employés de Destination Sherbrooke, dont les bureaux se trouvent dans l'ancienne demeure du sénateur Charles Benjamin Howard, à accepter l'offre de l'équipe Ghosts in Time de venir faire enquête. Les démarches de ces traqueurs de spectres auraient déterminé que les fantômes de la demeure cossue sont d'anciens employés du sénateur. Et ce n'est pas que la résidence qui serait hantée : le fantôme de Mme Howard aurait fait son apparition sur les chemins du domaine.
1894 - Joséphine Bacon est follement amoureuse de Joseph Hébert, boucher de son métier, et ils ont même une idylle. Joseph Hébert rompt toutefois ses fréquentations avec Joséphine puisqu'il a l'intention d'en épouser une autre. À la suite du décès de cette femme, Joséphine et Joseph reprennent leur histoire, mais de nouveau, le boucher tire un trait sur la relation pour se marier avec une autre flamme. Cette fois-ci, elle ne se laisse pas faire, souligne Karine Savary. Elle va le voir, lui déclare son amour, et lui, ne reconnaît pas cette flamme et lui répond clairement qu'il ne veut rien savoir. Il faut comprendre qu'en 1894, ce n'est pas qu'une question d'amour. Après deux fréquentations, un homme qui ne la marie pas, c'est une atteinte à sa réputation.
Furieuse, Joséphine retourne chez elle et prévient son père, handicapé, qu'elle souhaite tuer son amour impossible. Celui-ci, malade et affaibli, ne réussit pas à l'arrêter ou à prévenir la police. Joséphine se procure ensuite une arme chez Codère et Fils, puis se rend aux étals de boucher, en plein jour, pour abattre Joseph Hébert avant de retourner l'arme contre elle. Joseph Hébert ne meurt que deux heures plus tard, dans son appartement, sans jamais la dénoncer. Joséphine, elle, survit et s'enfuit dans les rues de Sherbrooke.
Elle est arrêtée sur la rue de la Cathédrale, ensanglantée, peu de temps après le crime. Le meurtre crée la stupeur : comment une femme saine d'esprit pourrait-elle avoir commis un tel geste? Les femmes ont un rôle de femme au foyer, de gardienne de la morale, explique Karine Savary. Malgré le témoignage de l'assistant de Joseph Hébert et les preuves accumulées, Joséphine Bacon est reconnue non coupable.
Elle annonce la bonne nouvelle à son père, puis se rend à la Paton, où elle travaille. Et ses collègues font une grande célébration pour sa non-culpabilité.
Le Magog House (devenu hôtel Magog) était un endroit très fréquenté au XIXe siècle, alors qu'il servait de plaque tournante pour les diligences dans la région. Avec le développement de Sherbrooke et la montée de l'immigration, il est devenu de plus en plus populaire. En 1881, une immigrante irlandaise, Jane Raney, était employée à l'hôtel. Jeune femme célibataire, elle a accouché d'un bébé le 6 juillet, ce qui était très mal vu à l'époque. Quelques jours plus tard, le bébé est retrouvé mort dans une boîte de carton, au grenier de l'hôtel. Si Jane Raney a reconnu que [le petit corps] était son enfant, elle n'a toutefois jamais reconnu l'avoir tué, explique Karine Savary. C'était toutefois quelque chose qui était malheureusement fréquent, à l'époque, quand des femmes se trouvaient dans cette situation. Jane Raney sera tout de même accusée d'homicide involontaire, mais il est impossible de savoir comment s'est terminée cette histoire. Quant à l'hôtel, il a été entièrement rasé par les flammes en 2017.