
Liens brisés durant la pandémie: comment rétablir les ponts?
TVA Nouvelles
Je suis contre les mesures sanitaires. Moi je suis pour. Tu as tort. J’ai raison. On ne s’entend plus. Je ne te parle plus. Moi non plus.
Les conflits et ruptures de liens dans les relations font maintenant partie du récit de plusieurs d’entre nous. Frère, ami ou tante à qui on ne parle plus parce qu’on a des opinions divergentes. C’est le choc de nos visions du monde.
On ne comprend plus l’autre dans ses choix. On ne s’intéresse même plus à essayer de le comprendre. De part et d’autre, nos positions se sont polarisées et nos visions du monde se sont cristallisées. L’autre qui ne pense pas comme moi m’irrite et me perturbe dans ma vision du monde. Je me sens menacé, alors je coupe le lien avec lui. Je peux alors conserver ma vision du monde intacte et poursuivre mon quotidien sans rien y changer. Ce faisant, je n’entends pas l’autre et le rejette, ce qui risque d’alimenter encore plus sa polarisation.
La lassitude et la frustration qui se sont installées au fil des mois jouent aussi un rôle dans la polarisation, parce qu’on est à bout de ressources personnelles. Quand on est fatigué psychologiquement, toutes les divergences d’opinions nous semblent plus grandes et irritantes !
Si on souhaite réparer le lien avec une personne qu’on a perdue ou avec qui on ne s’entend plus, il est essentiel de comprendre que plusieurs raisons psychologiques influencent notre vision du monde, nos croyances et nos choix (ex. : se faire vacciner ou non ; appuyer les manifestations ou non). Chacun porte son histoire de vie, ses angoisses et ses blessures. Si quelqu’un croit que le gouvernement nous ment, ou inversement que le gouvernement n’a pas une approche assez punitive, c’est que ses expériences de vie l’ont mené à cette conclusion. Pour essayer de la comprendre, on doit commencer par être à l’écoute de ce qu’elle vit, s’intéresser à ce qui sous-tend ses choix et croyances.
Essayer de la comprendre ne veut pas dire qu’on doit être d’accord avec elle ou la convaincre de changer d’idée ! Rien ne sert d’argumenter sur l’élément qui fait désaccord. Argumenter revient à invalider l’autre dans ses expériences antérieures. Il s’agit plutôt d’en arriver à accepter que les différences d’opinions fassent partie de la relation. En misant sur ce que nous partageons comme points communs plutôt que sur nos divergences.
Faire sentir à l’autre notre désir de maintenir le lien avec lui est fondamental. On peut lui nommer qu’au-delà de nos divergences d’opinions, la relation avec lui nous tient vraiment à cœur. C’est rassurant de savoir que le lien n’a pas été détruit.
Le sentiment de honte peut rendre la réconciliation difficile. Si une personne a tenu intensément à une croyance et qu’elle s’est mis des proches à dos, sa honte peut la rendre inconfortable à l’idée de reprendre contact. Elle peut craindre le jugement et d’être rejetée à nouveau.
Dans certaines relations, il est trop tôt pour penser à réparer le lien. La polarisation est encore très forte. Il faudra laisser du temps pour que la frustration diminue ou que le contexte évolue.