Levée de l’état d’urgence au Québec : l’opposition dénonce une « manœuvre politique »
Radio-Canada
« Mascarade », « supercherie », « opération marketing »... Les partis d'opposition à l'Assemblée nationale et les syndicats n'ont pas manqué de superlatifs, mercredi, pour commenter le projet de loi concernant la levée de l'état d'urgence au Québec.
Inscrite au feuilleton mardi, la pièce législative a bel et bien été déposée et présentée mercredi par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.
Le projet de loi 28 (Nouvelle fenêtre) met fin à l’état d’urgence sanitaire déclaré le 13 mars 2020. Mais il prévoit aussi que les mesures adoptées par décrets depuis deux ans pourront demeurer en vigueur jusqu’au 31 décembre et que les contrats conclus de gré à gré pendant l'état d'urgence sanitaire pourront être prolongés pour encore cinq ans.
Ces dispositions ont fait bondir l'opposition mercredi, au lendemain du retour de tous les députés à l'Assemblée nationale après une pause de deux semaines. De manière générale, les partis ont déploré que le gouvernement Legault manœuvre ainsi pour continuer de s'arroger des pouvoirs de manière exagérée.
La cheffe de l'opposition officielle, Dominique Anglade, juge que cette façon de faire n'est rien de moins qu'épouvantable. La réalité, encore une fois, c'est que c'est un gouvernement qui veut garder le contrôle sur tous les leviers, a-t-elle déclaré en point de presse, mercredi matin.
La cheffe libérale a notamment déploré que la CAQ s'arroge [...] tous les pouvoirs jusqu'en décembre 2022, soit au-delà des prochaines élections. C'est une mascarade.
Mme Anglade s'est en outre indignée du fait que, grâce au projet de loi 28, le gouvernement Legault pourra prolonger pour encore cinq ans les contrats sans concurrence octroyés pendant l'état d'urgence sanitaire, dont la valeur, selon une compilation effectuée par Le Journal de Montréal, frôle les 13 milliards de dollars – un record.
En entrevue à Radio-Canada, le porte-parole libéral en matière de santé, Monsef Derraji, a même déclaré que le texte présenté mercredi par le ministre Dubé n'était rien de moins qu'une insulte à l’intelligence et à la démocratie québécoise.
À Québec solidaire, son homologue Vincent Marissal pense sensiblement la même chose.