Lettre à mes filles et à mes fils: 32 ans après le pire jour de ma vie
TVA Nouvelles
Dominic, Léa-Marie, Romane et Michaël, je vous écris aujourd’hui pour que vous sachiez que vous êtes issus d’une lignée de femmes fortes et engagées.
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Vous connaissez tous les quatre les grandes lignes de mon parcours, mais je doute que vous mesuriez l’importance qu’ont eue les femmes qui m’ont construite. Or, ces femmes ont inévitablement laissé des traces sur vous et forgé la matière dont vous êtes.
Béatrice, la mère de ma mère, avait 12 ans lorsqu’elle a commencé à travailler. Elle savait lire, écrire et compter. Elle était débrouillarde et avait un caractère bien trempé. Ma grand-mère n’avait pas 20 ans et elle commerçait déjà. On parle du temps où les femmes n’avaient pas le droit de vote. Ma grand-mère était la gestionnaire derrière mon grand-père, le commerçant. Elle disait à ses filles : tirez-vous d’un rang. Elles l’ont toutes fait.
Denise, ma mère au foyer, était impliquée dans sa communauté. Marguillère, représentante au conseil d’école, présidente du Cercle des fermières, travailleuse aux élections, ma mère a fait une différence autour d’elle. J’ai vu le Québec évoluer dans mon assiette, dans les discussions à table, dans la foi en moi qu’elle avait. « Tu seras autonome, toi », est la phrase que j’ai entendue le plus souvent.
Lucie, la mère de votre père, m’a inspirée. Elle a élevé seule 6 enfants qui ont tous des études universitaires. Cette femme d’une intelligence remarquable et d’une intégrité à toute épreuve a, malgré des conditions de vie difficiles, transmis à ses enfants le goût d’apprendre et une grande résilience. Malgré mes études universitaires, je n’ai pas encore lu la moitié des œuvres qui l’intéressaient.
Nous sortons d’une année longue et dure. Une année au cours de laquelle je vous ai vus poursuivre votre chemin la tête haute remplie de rêve, malgré tout. Une année qui nous révèle que nous sommes vulnérables, que les inégalités sociales sont plus présentes que jamais, que la richesse collective diminue, que notre monde se crispe. Ces caractéristiques de notre monde expliquent, pour moi, l’augmentation des féminicides, la montée de la violence par armes à feu, l’envie de se protéger soi-même.
Les femmes importantes de qui vous êtes issus ont traversé des époques difficiles et elles ont su avancer, toujours. D’ailleurs, je vois à travers vous, s’exprimer leurs talents : votre conscience du monde qui nous entoure, votre maturité devant les défis de la vie, votre débrouillardise pour faire votre chemin.
Votre génération me touche. Vous êtes capables de remise en question. Vous êtes ouverts à la différence. Vous m’ouvrez les yeux. Vous réclamez, vous dénoncez. Vous n’avez pas toujours raison, vous n’êtes pas des anges, mais grâce à vous, je ne me sens plus seule quand je milite et que je m’engage. Vous avez rejoint les femmes de ma génération en 2014 avec