
Les villes de compagnie : de Shawinigan à Arvida en passant par Noranda Les villes de compagnie : de Shawinigan à Arvida en passant par Noranda
Radio-Canada
Selon Harold Bérubé, les villes de compagnie sont « conçues et planifiées en partie ou entièrement par une entreprise, […] qui est conceptrice et propriétaire d’une partie du parc locatif, des résidences ». Elles sont créées pour qu’une compagnie se rapproche d’une ressource, de la forêt, de certains minéraux et de l’eau. « Plusieurs de ces villes sont le fruit d’un certain idéalisme, d’un certain paternalisme philanthropique », explique également notre historien. Ainsi, certaines d’entre elles ne contiennent pas de débits de boisson et de syndicats.
De plus, certaines compagnies font appel à des urbanistes de renom pour planifier ces villes. « Il y a une sorte d’élan presque utopiste dans la création de certaines de ces villes. »
Fondée en 1785, New Lanark, en Écosse, est probablement une des premières villes de compagnie. D’autres villes du même genre poussent alors en Europe, puis ce phénomène apparaît en Amérique du Nord. Le Canada et les États-Unis en comptent beaucoup, en raison de l’abondance des ressources naturelles, des vastes espaces et d’une culture politique qui laisse les coudées franches au secteur privé – surtout aux États-Unis.
Au Québec, Shawinigan est une des premières expériences de ville de compagnie. « L’industrie du papier va vraiment être un joueur important dans la création de villes de compagnie au Québec », rappelle Harold Bérubé. Des villes comme Noranda et Schefferville sont également établies, respectivement en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord.
Le cas de la ville moderne d’Arvida, érigée dans les années 1920, est exemplaire. « Elle est conçue finement, planifiée, par Alcoa. On met beaucoup de ressources », précise Harold Bérubé. L’entreprise contrôle longuement la ville.
Aux États-Unis, des villes sont carrément privées, car contrôlées par l’entreprise. Au Québec, des cadres sont placés au conseil municipal. « Les patrons des entreprises se substituent, à toute fin pratique, aux autorités municipales et exercent un contrôle direct sur la ville », explique l’historien.
Également au cours de cette émission, Harold Bérubé raconte comment certaines de ces villes ont acquis davantage d’autonomie avec les années et quelles sont les répercussions de la fermeture de certaines d’entre elles.