
Les trois auteur.e.s ayant marqué la trajectoire de la poète Tania Langlais
Radio-Canada
Charles Baudelaire. René Char. Anne Hébert. Les deux auteurs français et l’écrivaine québécoise ont profondément touché Tania Langlais, lorsqu’elle les a tour à tour découvert.e.s, aux portes de l’âge adulte. À l’une comme aux autres, la poète associe aujourd’hui des présences récurrentes dans son écriture : les chats, la mort et l’eau.
Tania Langlais écrit ses premiers vers à 8 ans. Lit les poètes maudits, Baudelaire en tête, avant d’atteindre la vingtaine. Publie à 21 ans un premier recueil, Douze bêtes aux chemises de l’homme, qui lui vaut d’être la plus jeune poète à recevoir le prix Émile-Nelligan, honneur qu’elle détient toujours.
Établie dans la région d’Ottawa-Gatineau depuis 2010, la native de Montréal s’éloigne du milieu littéraire, travaille dans la fonction publique et devient maman. La poésie finit toutefois par la rattraper, si bien que, une douzaine d'années après la publication de son précédent recueil, elle lance Pendant que Perceval tombait, en 2020.
Ce quatrième titre a été couronné du prix Alain-Grandbois mardi soir et est en lice pour un des Prix littéraires du Gouverneur général, qui seront quant à eux remis le 17 novembre prochain.
Entre Charles Baudelaire (1821-1867) et Tania Langlais, il y a d’abord cette citation, qui la happe, à l'adolescence : Les Chinois voient l’heure dans l'œil des chats. Cette phrase du poème en prose L’horloge se retrouve dans le recueil Le Spleen de Paris (publié à titre posthume en 1869), qu’elle s’empresse de retracer à la bibliothèque.
C’est peut-être à cause de cette citation de Baudelaire que les chats sont toujours présents dans ce que j’écris! lance-t-elle en riant. Pour moi, le chat est poème. Il habite son propre monde.
Aussi mystérieux qu’indépendant, le chat est affaire de présence. Il est insaisissable, comme la création artistique. Il est silencieux, aussi, et le poème a justement besoin de silence, pour se révéler.
Si elle n’a jamais pu avoir de chats, enfant, étant donné les allergies de son père, Tania Langlais s’empresse d’en adopter un lorsqu’elle quitte la maison familiale et s’installe dans son premier appartement. Elle nomme son premier compagnon félin Kennedy, à qui elle fait d’ailleurs référence dans les titres de ses deuxième et troisième recueils, La clarté s’installe comme un chat (2004) et Kennedy sait de quoi je parle (2008).
Je n'écris pas pour faire sens, ni pour transmettre un message, soutient-elle. J'écris pour apaiser cette voix de la douleur qui est la mienne. C'est ma façon de négocier avec ma propre fin.