Les tourbières des Prairies menacées par l’activité humaine et les changements climatiques
Radio-Canada
Afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, des chercheurs des Prairies ont entrepris de restaurer les tourbières perdues à cause de l'activité humaine et des effets des changements climatiques. Selon les experts, elles sont un écosystème naturel essentiel à l'absorption du carbone.
Les tourbières constituent l'un des plus grands réservoirs de carbone terrestre au monde, car elles absorbent le carbone depuis des milliers et des milliers d'années et le stockent, précise la spécialiste des tourbières pour la Wildlife Conservation Society, Lorna Harris.
En Alberta, elles couvrent près de 92 000 kilomètres carrés et stockent 19,9 milliards de tonnes de carbone. En Saskatchewan, ce sont environ 60 000 kilomètres carrés qui stockent 7,3 milliards de tonnes, selon Lorna Harris.
[Les tourbières] n'ont jamais été valorisées pour leur contribution à la biodiversité et leur capacité à retenir le carbone, note-t-elle.
Selon la scientifique, les tourbières sont notamment menacées par la production de tourbe horticole, utilisée pour l’horticulture et le jardinage, par les effets des changements climatiques, comme des feux de forêt plus fréquents, ainsi que par d'autres activités humaines, comme la construction de routes et les activités minières.
Lorna Harris précise qu'il est toutefois possible de les restaurer. Si la restauration ne remplace pas les milliers d'années de carbone stocké, elle peut faire passer les tourbières du statut de source de carbone à celui de puits de carbone.
Si nous ne restaurons pas cet écosystème pour au moins le rendre neutre en carbone et, idéalement, en faire à nouveau un puits de carbone, il devient une source d'émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, a déclaré Mme Harris.
Selon le professeur agrégé à l'Université de Brandon au Manitoba, qui a travaillé sur la restauration des tourbières, Pete Whittington, au cours de ce processus, les tourbières extraites sont aplanies pour empêcher le ruissellement de l'eau et la végétation est transplantée à partir d'une tourbière naturelle située à proximité.
Le site restauré est ensuite recouvert de paillis pour retenir l'humidité, fertilisé et laissé à la régénération. Il s'agit d'un ratio de 10 pour 1. On peut donc utiliser un hectare de tourbière naturelle pour restaurer 10 hectares de tourbière extraite, explique-t-il.