Les stocks de hareng et de maquereau pourraient prendre des années à se rétablir
Radio-Canada
Les dernières années ont été particulièrement éprouvantes pour la survie du maquereau et du hareng de printemps du sud du golfe du Saint-Laurent. Le taux élevé de mortalité de ces espèces au stade larvaire, juste après l’éclosion des œufs, semble avoir largement contribué aux faibles stocks dans les eaux atlantiques et du Québec.
Le rétablissement de ces poissons à des niveaux acceptables pourrait bien prendre plus d’un an ou deux. Il faut savoir que plusieurs années s’écoulent entre le moment où les larves éclosent et le moment où le poisson atteint l’âge adulte et qu’il peut être pêché.
D’ici quatre à cinq ans, on entrevoit pas un retour de ces stocks-là, explique le biologiste Dominique Robert, professeur à l’Institut des sciences de la mer à Rimouski.
Dans de telles conditions, où le recrutement [NDLR : c'est-à-dire l'ajout de nouveaux individus à la population] est faible, notamment pour le hareng de printemps, la pêche, mais aussi les prédateurs comme le phoque gris ou le thon rouge, exercent une pression supplémentaire sur l’état de ses stocks.
Lorsque le recrutement n’est pas là, les effets de prédations et les autres perturbations deviennent plus importants, avance Matthew Hardy, directeur des sciences pour Pêches et Océans à Moncton.
Pour le hareng de printemps du sud du golfe, le réchauffement climatique semble être l’un des principaux facteurs qui met en péril sa survie à un stade larvaire et, conséquemment, le stock à l’âge adulte.
La hausse de la température des fonds marins affecte l’abondance du zooplancton durant le printemps, une source de nourriture du poisson aux stades larvaire et juvénile. Il existerait un fort lien entre la survie des jeunes larves et la présence de cette proie dans les eaux du golfe du Saint-Laurent, expose Dominique Robert.
À l’inverse, les températures plus chaudes ont un net avantage pour le hareng de l’automne, pour qui la disponibilité des espèces de zooplancton est maximale.
La désynchronisation entre l’abondance de la nourriture et la période à laquelle les larves en ont besoin limite la capacité du hareng de printemps de se développer et d’atteindre la maturité sexuelle, détaille Matthew Hardy.