
Les sanctions économiques ont «peu de chances» de dissuader Poutine
TVA Nouvelles
Les sanctions économiques sans précédent imposées par l'Occident contre la Russie ont «peu de chances» de dissuader Vladimir Poutine de frapper l'Ukraine, affirme dans un entretien à l'AFP le chercheur Gary Hufbauer, qui a étudié l'efficacité de ces mesures depuis un siècle.
• À lire aussi: EN DIRECT | 6e journée de l'offensive russe
• À lire aussi: Les pays du G7 ont discuté de sanctions supplémentaires contre la Russie
• À lire aussi: Chute de l'euro au plus bas depuis plus d'un an et demi, le rouble s'écroule
Depuis le début du 20e siècle, «les sanctions ont été efficaces dans moins d'un tiers des conflits», constate ce chercheur au centre de réflexion Peterson Institute for International Economics (PIIE) à Washington, auteur de l'ouvrage Economic Sanctions Reconsidered.
Le principal enseignement tiré de cette analyse historique de l'effet des sanctions économiques sur une centaine de conflits est que «la plupart des pays dans lesquels les sanctions ont été efficaces ont été de petits pays, des États fragiles, loin de la puissance de la Russie», affirme-t-il.
Les mesures punitives ont par exemple fonctionné dans des pays tels que le Panama, le Pérou, la Guinée Équatoriale ou la Sierra Leone, égrène-t-il. Concernant des États de taille plus importante, elles ont été efficaces pour l'Afrique du Sud dans le cadre de la lutte contre l'apartheid à partir des années 1960, ou pour le Brésil.
Mais elles n'ont pas porté leurs fruits dans des conflits impliquant des acteurs de plus grande envergure: par exemple la Chine lors de l'invasion de la Corée du Sud par celle du Nord dans les années 1950, le Pakistan lorsque les États-Unis ont sanctionné la possession d'armes nucléaires, ou encore... la Russie après l'invasion de la Crimée, où les sanctions avaient certes été de faible intensité.
S'agissant de la Chine et de la guerre de Corée, qui a par ailleurs pu compter également sur le soutien de l'Union soviétique à l'époque, «les sanctions ont été dures, or ces pays n'ont pas reculé», rappelle-t-il.