
Les risques de désastres ferroviaires demeurent élevés au Canada, selon des experts
Radio-Canada
Le déraillement d’un train qui transportait des produits chimiques toxiques dans la localité d’East Palestine, en Ohio, a réveillé de mauvais souvenirs auprès de ceux qui ont vécu la tragédie de Lac-Mégantic. Plusieurs craignent que le scénario ne se reproduise, et des experts s’inquiètent.
Louis-Serge Parent a connu l’explosion du train à Lac-Mégantic de trop près. Il vit à environ 100 mètres du désormais célèbre Musi-Café qui a pris feu lorsque le train de 72 wagons de pétrole brut a terminé sa course dans une explosion meurtrière, le 6 juillet 2013. J’ai vu le feu orange, se rappelle celui qui a dû fuir sa maison ravagée par les flammes.
Louis-Serge Parent a observé avec horreur ce qui s’est passé le 3 février, dans la localité d’East Palestine, en Ohio. Le déraillement du train qui transportait des produits chimiques toxiques a provoqué un énorme incendie et l'évacuation de centaines de personnes.
Quand il voit d’autres tragédies de la sorte se produire, il a l’impression que la situation empire. Ce n’est pas plus sécuritaire, estime celui qui est l'un des trois résidents de Lac-Mégantic ayant déposé un recours collectif contre le Canadien Pacific au nom de tous les proches des victimes.
« Je me dis qu’on n’apprendra jamais. »
La tragédie de Lac-Mégantic a été le déraillement le plus meurtrier au Canada en 150 ans, comme l'explique le consultant en sécurité ferroviaire Ian Naish, ancien dirigeant du Bureau de la sécurité des transports. Après la tragédie, une série de mesures ont été introduites. Malgré cela, des experts de la sécurité ferroviaire croient que les risques qu'un autre désastre se reproduise demeurent élevés.
Parmi les mesures introduites, on retrouve la diminution de la vitesse des trains et le rehaussement des exigences d’inspection des voies pour les trains qui transportent des marchandises dangereuses. Selon Ian Naish, ces nouvelles mesures de sécurité sont marginales.
Il cite l’exemple des wagons-citernes qui doivent désormais être plus robustes pour éviter de se fissurer en cas de déraillement. Or, selon le consultant, celui qui s'est produit en 2019 près de Guernsey, en Saskatchewan, démontre que même des wagons-citernes plus solides ne peuvent rien contre des vitesses élevées. L'accident a provoqué un important incendie et le déversement d’environ 1,6 million de litres de pétrole brut.
Beaucoup de travail a été effectué pour rendre ces wagons plus robustes, mais tous les paris sont ouverts quand ils dépassent les 35 miles à l’heure [56 km/h], explique Ian Naish.