Les requins du Saint-Laurent, gestionnaires du garde-manger océanique
Radio-Canada
Le requin blanc Maple aperçu près des Îles-de-la-Madeleine en juillet a fait les manchettes. Or, la présence de requins n’est pas inhabituelle dans les eaux du Saint-Laurent. Il existe même sept différentes espèces de requins au Québec, dont au moins deux qui y résident à l’année.
De l’estuaire au golfe, il est possible de les observer. Une rencontre serait cependant rare en raison de leur timidité, du nombre peu élevé de ces animaux marins et de la grandeur du territoire.
Jeffrey Gallant, directeur scientifique de l’Observatoire des requins du Saint-Laurent (ORS), s’est donné comme mission il y a près de 20 ans de rétablir leur réputation et de les préserver.
Voici en détail les sept espèces connues de requins du Saint-Laurent en ordre de grandeur.
Le requin-pèlerin arrive deuxième parmi les plus gros poissons du monde. Il peut mesurer jusqu’à 12 mètres, soit la taille d’un autobus scolaire. Cette espèce, quoique gigantesque, est inoffensive : il se nourrit strictement de plancton. Il peut être aperçu dans l’estuaire, mais les observations récentes témoignent de sa présence dans la baie des Chaleurs. Le requin-pèlerin se nourrit en surface avec la gueule grande ouverte pour filtrer le plancton, explique l’ORS.
Le requin-pèlerin est un visiteur annuel, de juin à novembre. Il peut se propulser hors de l’eau, comme un rorqual à bosse. L’espèce est présentement inscrite au registre du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) avec la mention sous surveillance.
Tout au long des côtes de la Côte-Nord, on peut apercevoir la nageoire dorsale des requins blancs. Sa présence est toutefois plus marquée dans le golfe, où les populations de phoques, qui constituent une bonne partie de son alimentation, sont abondantes. Il se nourrit aussi de thon ou d'autres poissons. Il peut mesurer jusqu’à cinq mètres. Mais dans les eaux du Saint-Laurent, les requins juvéniles de plus petites tailles sont jusqu’à cinq fois plus présents. Il chasse de manière saisonnière dans les eaux du Saint-Laurent. Il est considéré comme en voie de disparition, selon le COSEPAC.
Les requins blancs sont aperçus plus fréquemment dans les eaux québécoises. Le requin serait dans le golfe depuis très longtemps, selon le chercheur Jeffrey Gallant. Des dents de requins ont même été retrouvées dans des lieux de sépulture, dont un dans la région de Montréal. Des peuples autochtones qui ont existé il y a 5000 ans enterraient les personnes d’importance avec des dents de requins blancs, explique-t-il.
Aussi long que le requin blanc, mais moins large, le requin du Groenland se déplace lentement et surtout en profondeur. Il passe la majorité de son temps dans le chenal Laurentien, soit à 300 mètres de profondeur. Il s’agit d’un charognard, qui ramasse les carcasses de mammifères marins, et qui se nourrit aussi de poissons, dont le flétan. C’est un des résidents permanents de l’estuaire et du fjord du Saguenay. Il est le seul requin à tolérer les eaux arctiques à l’année.