Les primates se masturbent depuis des millions d’années, mais pourquoi?
Radio-Canada
Des chiens aux dauphins, la masturbation a été observée dans tout le règne animal. Elle est toutefois particulièrement répandue chez les primates, des chimpanzés aux gorilles, mais aussi chez les singes plus petits et les lémuriens. Sans oublier Homo sapiens.
Pourquoi ce comportement sexuel mal compris, apparemment sans fondement fonctionnel et pratiqué le plus souvent en solitaire, a-t-il fait son chemin dans l’évolution de plusieurs espèces?
L’anthropologue Matilda Brindle et ses collègues du Collège universitaire de Londres (UCL) se sont attardés sur la question chez les primates.
Pour y répondre, l’équipe britannique a créé le plus grand ensemble de données consacré à la masturbation des primates en recueillant des informations provenant de près de 246 articles scientifiques et 150 communications personnelles de primatologues et de gardiens de zoo.
Ces informations ont été couplées à des analyses phylogénétiques moléculaires comparatives, pour reconstruire le parcours évolutif de la masturbation. La phylogénie moléculaire compare des séquences ADN et ARN issues de gènes ancestraux communs.
Une base de données mondiale qui note la fréquence des agents pathogènes sexuellement transmissibles chez les singes sauvages a aussi été consultée.
Les scientifiques ont d’abord établi que le comportement masturbatoire est très ancien. Il serait apparu il y a des millions d’années chez l’ancêtre commun de tous les singes et grands singes, y compris l'humain.
La question de savoir si l'ancêtre des autres primates (lémuriens, loris et tarsiers) se masturbait est moins claire, en grande partie parce que les données sont plus rares, notent les chercheurs dans un communiqué publié par l’UCL.
« Nos résultats permettent de faire la lumière sur un comportement sexuel très courant. La masturbation est observée dans toutes les tranches d'âge, chez les femelles comme chez les mâles, à l'état sauvage comme en captivité. »