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Les petites histoires et le grand récit du sida racontés par Yanick Villedieu
Radio-Canada
Dans le nouveau livre Le deuil et la lumière : une histoire du sida, Yanick Villedieu, qui a animé pendant 25 ans l’émission radio-canadienne Les années lumière, revient sur les 40 ans d’épidémie du sida. Un récit dont la fin reste à écrire qu’il raconte dans sa dimension scientifique, mais aussi humaine, mettant en lumière celles et ceux qui ont vécu la pandémie au plus près.
C’est en 1981, le 5 juin 1981 précisément, qu’est publié l’acte de naissance scientifique du sida, sous la forme d’une notice de 46 lignes parue dans un bulletin hebdomadaire du Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Cette notice rapporte cinq cas d’un type particulier de pneumonie, qui affecte habituellement les personnes au système immunitaire très affaibli, survenus chez cinq jeunes hommes homosexuels à Los Angeles.
Dans les mois qui suivent, d’autres cas sont rapportés, toujours au sein de la communauté gaie, puis chez des personnes haïtiennes et des hémophiles en 1982.
Cette maladie encore mystérieuse pour les scientifiques est baptisée, en anglais, AIDS, pour acquired immunodeficiency syndrome (syndrome de l’immunodéficience acquise, ou SIDA), le 27 juillet 1982. C’est lors de ce même été que Yanick Villedieu parle pour la première fois du sida sur les ondes de Radio-Canada, lors de l’émission Aujourd’hui la science, animée à l’époque par Fernand Seguin.
Par la suite, le journaliste scientifique ne cessera pas de couvrir la pandémie de sida, assistant à 19 conférences internationales sur le sida à partir de 1985 et réalisant des reportages sur les ravages de la maladie au Canada, mais aussi aux États-Unis, en Afrique ou encore en Inde.
J’ai choisi de dire ce que j’avais vu, vécu et ressenti, explique Yanick Villedieu. Les choix se sont aussi faits en fonction de l’écriture, car, moi, je voulais raconter une histoire. D’ailleurs, des personnes m’ont dit que ça lisait un peu comme un roman policier.
Il y avait toujours des rebondissements. C’était vraiment une histoire passionnante à suivre, constate-t-il.
Entre la paternité de la découverte du virus du sida très disputée entre la France et les États-Unis, l’optimisme des années 1980 quant à la possibilité de trouver rapidement un traitement, et même un vaccin, puis l’impuissance de la science devant le nombre de décès au début des années 1990, suivie de l’arrivée tel un miracle des trithérapies en 1996, et la bataille pour permettre aux pays du Sud d’y avoir accès dans les années 2000, le récit fait dans Le deuil et la lumière : une histoire du sida est effectivement captivant.
En 40 ans, le sida a tué au moins 27 millions de personnes dans le monde, mais des estimations de chiffres réels montent jusqu’à 48 millions de décès. Au-delà des faits racontés par Yanick Villedieu et des explications médicales données, la force du livre réside aussi dans la place accordée aux personnes – scientifiques, malades, bénévoles – impliquées.