Les orangs-outans modulent certains sons pour paraître « cool »
Radio-Canada
Les orangs-outans sauvages utilisent des expressions vocales particulières façonnées par l’environnement social dans lequel ils évoluent, montrent les travaux de scientifiques britanniques.
En d’autres termes, ils possèdent des personnalités vocales distinctes modelées en fonction des groupes sociaux dans lesquels ils vivent et communiquent, expliquent dans un communiqué le chercheur Adriano Lameira et ses collègues de l’Université de Warwick.
Jusqu’à présent, il était traditionnellement admis que ces grands singes communiquaient à partir d’un répertoire plutôt fixe de cris instinctifs et automatisés.
Dans leurs travaux, le psychologue évolutionniste Adriano Lameira et son équipe ont enregistré les cris d'environ 70 individus répartis dans six populations d’orangs-outans sauvages qui vivaient dans les marécages et les forêts de Bornéo et de Sumatra, en Asie du Sud-Est.
Il faut savoir qu’à l’état sauvage, les populations d'orangs-outans diffèrent naturellement en termes de densité. Certains groupes vivent plus rapprochés et socialisent davantage, alors que d’autres sont plus dispersés et communiquent moins.
Notre étude établit une corrélation entre la densité des populations et de multiples facettes du phénotype vocal des individus. Elle montre que la socialité influence la plasticité vocale chez les grands singes, affirme M. Lameira.
Ainsi, dans les populations denses, les orangs-outans communiquent à l'aide d'une grande variété de cris dont ils changent la durée et l’intensité. Ils essayent de nombreuses variantes sonores qu’ils modifient continuellement, et finissent parfois par les abandonner.
Dans les populations à plus faible densité, les individus favorisent plus souvent des cris établis et conventionnels. Toutefois, même s’ils n’expérimentent pas un nombre aussi important de nouveaux sons, ils ont tendance à conserver les nouvelles variantes d'appels dans leur répertoire, qui finit par être plus riche que celui des orangs-outans des populations à forte densité, qui rejettent continuellement les nouvelles variations.
Ces résultats fournissent, selon les chercheurs, des preuves que l’instinct social peut prédire le phénotype vocal chez un grand singe sauvage. Ils prouvent que les contextes sociaux façonnent la production vocale chez les hominidés autres que les humains, notent les auteurs de ces travaux, dont le détail est publié dans la revue Nature Ecology and Evolution (Nouvelle fenêtre) (en anglais).